Le livre :
Black Train est un texte noir de Karim Madani sorti aux éditions ePoints, une maison d’édition numérique dédiée aux lectures courtes.
Cette nouvelle nous emmène dans les quartiers chauds de Philadelphie à la fin des années 50 aux côtés de John Coltrane et de son manager-dealer Shorty Legs. John Coltrane, drogué et fauché après s’être fait expulser de la formation de Miles Davis, est retourné vivre chez sa mère avec sa femme et sa belle-fille. Shorty Legs qui voit en lui un visionnaire de génie qui peut lui rapporter de l’argent décide alors d’aider « son artiste » à se désintoxiquer et à lancer sa carrière.
Lorsque le jazzman, remis d’aplomb, décroche un contrat dans un club de Los Angeles les deux hommes décident de prendre la route. Ce que le saxophoniste ne sait pas c’est que ce voyage doit permettre à Shorty Legs de s’acquitter d’une dette qu’il a envers Biggie, un baron de la drogue de Philadelphie.
Avis :
Black Train mélange habilement réalité et fiction, ce voyage aurait pu être le chemin parcouru par John Coltrane pour accoucher de Blue Train, l’un des albums mythiques de l’histoire du jazz.
L’auteur, nous plonge dans l’Amérique de la fin des années 50, où les noirs sont encore victimes de la ségrégation, une atmosphère sombre à souhait pour cette nouvelle rythmée, à lire d’urgence.
Musique :
L’un des personnages centraux de Black Train étant John Coltrane, c’est bien évidemment le jazz qui prédomine dans cette nouvelle. Si la musique est omniprésente, elle est surtout évoquée par des noms d’artistes et de clubs, les morceaux eux sont peu nombreux.
Les précisions apportées concernant la vie de John Coltrane et des morceaux composés permettent de dater l’histoire vers la fin des années 50 (1957) même si aucune date n’est clairement précisée.
« Cold Turkey ». De l’agot de musicien de jazz pour désigner les quatre-vingt-seize heures les plus dures de votre misérable vie de camé, celles où vous allez mariner dans votre sueur et votre névrose à maudire l’horloge.
Les minutes paraissent des heures. Les heures des siècles. Le temps lève son majeur bien tendu.
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Playlist :
Les références musicales sont classées selon l’ordre d’apparition dans le livre.
- John Coltrane (également appelé Trane) est le premier artiste cité, il est au centre de cette nouvelle.
- Yusef Lateef est cité. Shorty reproche à Trane de passer trop de temps avec lui.
- Bird est cité, il s’agit du surnom de Charlie Parker.
- Miles Davis, Johnny Hodges et Sonny Rollins sont cités.
L’auteur intègre à l’histoire le fait que Miles Davis ait viré John Coltrane de sa formation pour le remplacer par Sonny Rollins. - Earl Bostic, artiste de rhythm & blues à succès aime la musique de Coltrane et veut que celui-ci vienne jouer dans son club en Californie.
- Ornette Coleman est cité.
- La mère de John passe un disque de gospel.
- Fats Waller est évoqué par Shorty qui plaisante sur l’appétit démesuré de Trane.
- L’album de Charles Mingus, Tijuana Moods, est diffusé dans un restaurant où mangent Shorty et Biggie. Aucun morceau n’est précisé dans le texte, mais le titre Ysabel’s Table Dance a été intégré à la playlist pour illustration. L’album enregistré en 1957 aurait été commercialisé en 1960 ou 1962 selon les sources. Il s’agirait donc ici d’un anachronisme.
- L’album de Charles Mingus, Pithecanthropus Erectus (1956) est également cité, pour relever le génie du musicien.
- Benny Golson serait venu faire un set dans un club de Philadelphie. C’est également lui qui, dans le texte, apprend à Biggie que Earl Bostic comptait embaucher Coltrane dans son club de Californie, le Flying Fox.
- Sammy Davis Jr est cité. Une allusion au Rat Pack est également faite. Ce « club des rats » réunit, dans les années 50 aux Etats-Unis, les stars populaires du moment. Sammy Davis Jr rejoint le club en 1959 aux côtés de Franck Sinatra et Dean Martin.
- Une chanson d’Ella Fitzgerald est interprétée par Nikki sur la scène du Flying Fox. Personnage de fiction ou diminutif d’une chanteuse connue, je n’ai pas trouvé de référence concrète pour ce personnage.
- Après le concert, Trane discute dans les loges avec les musiciens suivants : Ketter Betts, Jaki Byard, Benny Carter, Teddy Edwards, Blue Mitchell, Charles Thompson et Tommy Turrentine, le grand frère de Stanley Turrentine.
- Nikki et Shorty Legs prennent un verre, le barman passe un disque de Billie Holliday.
- Le chauffeur de taxi à Los Angeles écoute le dernier album de Johnny Hodges.
- Frank Sinatra – Lady is a Tramp (1958). La chanson s’échappe de la radio de la Chevrolet de Biggie. Cette chanson issue de la comédie musicale Babes in Arms (1937). Écrite par Lorenz Hart elle a été reprise par de nombreux artistes dont Anita O’Day, Ella Fitzgerald et Frank Sinatra dans les années 50. D’après Discogs, la version de Sinatra daterait de 1958, celle Anita O’Day de 1957. Nouvel anachronisme ?
- Dans la nouvelle John Coltrane sort son disque Blue Train. Le disque est paru en 1957. Aucun morceau n’est précisé dans le texte mais le titre éponyme a été ajouté à la playlist pour illustration.
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Black Train est paru en 2014 aux éditions ePoints.
Delphine
Créatrice du site // Rédactrice
Créatrice, rédactrice et CM du site. Passionnée de musique, fan de LCD Soundsystem (mais pas que). J'aime la lecture, le ciné, les expo, le street art et les voyages !