1Q84 Livre 1 – Haruki Murakami
Le livre :
1Q84 fait clairement référence au roman 1984 de l’écrivain anglais George Orwell (1903 – 1950). En japonais la lettre Q (prononcée à l’anglaise) a la même sonorité que le chiffre 9 (« Kyū ») et le livre de Murakami débute en avril 1984, comme celui d’Orwell. D’autres éléments renforcent le lien entre les deux œuvres, les événements passés dont on ne se souvient pas dans 1Q84 font écho au passé réécrit de 1984.
Nous découvrons dans ce premier livre les deux personnages principaux Aomamé et Tengo.
Aomamé, 30 ans, a été élevée dans une communauté de témoins de Jéhovah jusqu’à l’âge de 11 ans avant d’en être renvoyée par ses parents. Officiellement professeur d’arts martiaux, Aomamé exerce une autre activité plus secrète. Elle travaille pour une vielle dame en tant que tueuse à gages, elle élimine des hommes ayant commis des violences envers des femmes. Une philosophie qui consiste à tuer « ceux qui le méritent » proche du « code » appliqué dans la série Dexter. La science-fiction s’installe progressivement dans le récit quand Aomamé constate des événements étranges (découverte de faits passés dont elle n’a aucun souvenir, présence d’une seconde lune dans le ciel…). Ce monde parallèle, qu’elle nomme 1Q84, donne son titre au roman.
Tengo, 29 ans, est professeur de mathématiques et apprenti écrivain. Son éditeur, Komatsu, lui demande de récrire en secret La Chrysalide de l’air, un manuscrit qui provient de Fukaéri, une jeune fille de 17 ans énigmatique. Si l’œuvre manque de style, Komatsu pense que cette histoire, dans laquelle on croise de mystérieux êtres surnaturels les Little People, peut remporter le prix littéraire des jeunes auteurs une fois remaniée par Tengo.
Si Aomamé et Tengo semblent évoluer chacun de leur côté, le lecteur apprend qu’ils se sont déjà croisés alors qu’ils avaient dix ans et que les événements risquent de les réunir à nouveau, dans le monde parallèle de 1Q84.
Avis :
L’univers étrange de 1Q84 est terriblement efficace. On referme ce premier tome avec énormément de questions en tête : de quelle nature est cette réalité parallèle ? Qui sont les Little People ? Quel destin pour Tengo et Aomamé ? Vont-ils se retrouver vingt ans après leur première rencontre furtive ? 1Q84 est très additif, un voyage vivement conseillé.
Musique :
It’s a Barnum and Bailey world
Just as phony as it can be,
But it wouldn’t be make-believe
If you believed in me.
Le livre débute avec ces paroles extraites du titre It’s Only a Paper Moon sorti en 1933 mais le morceau qui ouvre le récit et revient par la suite dans le roman est la Sinfonietta du compositeur Leoš Janáček. Cette œuvre est liée au passage dans le monde trouble de 1Q84.
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Playlist :
(références musicales par ordre d’apparition dans le livre)
- Peggy Healey – It’s Only a Paper Moon. Ce morceau dont des paroles sont en introduction du livre est une chanson populaire américaine composée en 1933. La musique est de Harold Arlen, les paroles de E. Y. Harburg et Billy Rose. Créée à l’origine pour The Great Magoo, une pièce de Broadway passée inaperçue, la première version enregistrée est celle du chef d’orchestre Paul Whiteman, elle est chantée par Peggy Healey. Ce titre est utilisé dans les films Take a chance (1933) et Paper Moon (1973). Il a également été interprété par Ella Fitgerald et The Nat King Cole Trio.
- Janáček- Sinfonietta Opus 60. Cette œuvre pour orchestre en cinq mouvements composée en 1926 par le tchèque Leoš Janáček (1854 – 1928) a un rôle important dans le livre de Haruki Murakami. Elle est évoquée dès la première phrase du livre, Aomamé l’entend à la radio alors qu’elle est dans un taxi coincé dans les embouteillages.
- Michael Jackson – Billie Jean. Ce morceau, diffusé par un autoradio dans le livre, est issu de Thriller le sixième album de l’artiste sorti en 1982.
- Bach – Le Clavier bien tempéré. Cette œuvre, dont le titre original est Das Wohltemperierte Klavier BWV 846-893, regroupe deux cycles de préludes et fugues. Le premier livre — BWV 846 à BWV 869 — dont le manuscrit est achevé en 1722 sera revu jusqu’à la mort de Johann Sebastian Bach en 1750. Le second livre — BWV 870 à BWV 893 — date de 1744. Ce recueil, dont l’objectif est à la fois musical, théorique et didactique, est considéré comme l’une des œuvres les plus importantes dans l’histoire de la musique classique. Cette première évocation de cette œuvre dans le livre est due à Tengo qui dit ne pas s’en lasser.
- Le morceau Sweet Lorraine est interprété au piano et à la guitare par « un duo de jeunes musiciens […] à la manière d’un vieux disque de Nat King Cole. » Ce titre sorti en 1928 est un standard du jazz. Il a été enregistré par de nombreux artistes dont la chanteur et pianiste de jazz américain Nat King Cole (1919 – 1965) en 1940.
- Le titre It’s Only a Paper Moon est de nouveau cité.
- Le compositeur autrichien Joseph Haydn (1732 – 1809) et le compositeur allemand Ludwig van Beethoven (1770 – 1827) sont évoqués.
- La Sinfonietta de Leoš Janáček est de nouveau évoquée. Aonamé trouve un enregistrement de cette symphonie « sous la direction de George Szell, avec l’orchestre symphonique de Cleveland » sur un vinyle.
- Béla Bartók – Le Concerto pour orchestre est également évoqué. Cette œuvre composée en 1943 par le compositeur et pianiste hongrois Béla Bartók est sur l’autre face du 33 tours acheté par Aonamé.
- Le groupe britannique Queen et le groupe suédois ABBA sont évoqués.
- Évocation de la chanson du film La Mélodie du bonheur (The Sound of Music) de 1965 dont les paroles sont « Raindrops on roses and whiskers on kittens… » dans une version « pour instrument à cordes ». Il s’agit des paroles du morceau My Favorite Things.
- Nouvelle évocation de l’œuvre Le Clavier bien tempéré de Bach. Fukaéri dit aimer les œuvres « de BWV 846 à BWV 893 » de Bach ce qui correspond aux deux volumes du Clavier bien tempéré. Elle cite également les paroles de l’œuvre BWV 244 qui est « La Passion selon saint Matthieu ». Cet oratorio de Johann Sebastian Bach, chanté pour la première fois en 1729, est une partition monumentale en deux parties, dont l’exécution dure environ 2 heures 45.
- John Dowland – Lachrimae. La vieille dame écoute cette œuvre pendant qu’elle lit. John Dowland (1563 – 1626) est un compositeur et luthiste dont la musique est un thème récurrent des livres de science-fiction de Philip K. Dick. Cette œuvre instrumentale, aussi connue sous le nom Seaven Teares Figured in Seaven Passionate Pavans, est la plus connue de son auteur.
- Un « concerto pour violoncelle de Haydn » est évoqué. Si Joseph Haydn a bien composé plusieurs concertos pour violoncelle, seulement deux de ces concertos peuvent lui être attribué avec certitude.
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1Q84 Livre 1 est paru en France en août 2011 chez Belfond puis en septembre 2012 chez 10/18.
Marco
Rédacteur
Chroniqueur pour Shut Up and Play The Books ! et Citazine (cinéma), je peux également faire des sites Internet sur Wordpress et du community management. Intérêts : Orson Welles, médias, cinéma, #moviequotes, loutres et plus si affinités.
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