Le livre :
Kraftwerk d’Éric Deshayes propose une rétrospective complète du parcours du mythique groupe electro allemand, de leurs premiers pas des fondateurs sous le nom d’Organisation au début des années 70 jusqu’au grand show 3D de ces derniers mois. Une exploration qui mêle articles d’époque et critiques de la dizaine d’albums produit par ces pionniers de la musique électronique.
Initié par Ralf Hütter et Florian Schneider en 1970, Kraftwerk devient un quatuor dès 1974 en accueillant Wolfand Flür et Karl Bartos. Au fil des années la composition de Kraftwerk va changer, c’est le cas quand Wolfand et Karl décident de quitter le groupe à la fin des années 80, ils sont alors remplacés par Fritz Hilpert et Henning Schmitz. Des départs qui ne se sont pas toujours fait sans rancœur ni tension : la sortie en 2000 de l’autobiographie de Wolfand Flür sur son expérience au sein du groupe fut contestée par ses ex compagnons de jeu. Dernier changement en date au sein de Kraftwerk, le départ en 2009 de Florian Schneider faisant de Ralf Hütter le seul membre fondateur encore présent dans la formation.
Avec le peu d’informations disponibles – les membres de Kraftwerk ont toujours été très discrets sur leur vie privée – Éric Deshayes revient sur le parcours de ce groupe de précurseurs obsédés par le concept de Gesamtkunstwerk (l’œuvre d’art totale). Cette ambition se retrouve dans le soin apporté au graphisme de leurs pochettes d’albums, l’invention des désormais célèbres mannequins robotisés imaginés pour les remplacer lors de leurs concerts ou leurs dernières expérimentations avec la 3D.
Longtemps à l’avant-garde de la musique électronique, Kraftwerk a été le fer de lance du style krautrock avec le groupe Tangerine Dream, mais coller une étiquette à la formation semble bien futile tant le projet fait la synthèse de concepts variés : expressionnisme, futurisme, constructivisme ou encore le courant Bauhaus. Avec The Catalogue, un coffret regroupant en version remastérisée huit de ses albums, et sa tournée de rétrospectives en huit concerts débutée en octobre 2011, Kraftwerk prouve – à défaut de proposer de nouvelles créations – que son héritage est toujours aussi puissant.
Avis :
Entre analyse minutieuse de leurs titres et revue de presse à travers plus de quatre décennies, Éric Deshayes fait le portrait d’un groupe en perpétuelle recherche d’innovations tout en mettant en avant leur influence considérable sur l’évolution de la musique de ces trente dernières années : new-wave, techno, hip-hop ou encore house, autant de styles qui ont profité de leur vision de la technologie.
En fait, nous ne pouvons pas dire qu’il s’agit d’un groupe. Ensemble nous formons un orchestre, un orchestre de chambre, un quartette de chambre qui a tourné et donné des concerts.
Le livre offre un tour d’horizon complet de l’univers de Kraftwerk, et même un peu plus car les projets des anciens de la formation – de Neu! au dernier album de Karl Bartos – sont également évoqués. Une virée avec les « hommes machines » – en vélo, évidemment – des plus réjouissantes !
Musique :
Parmi les nombreux titres cités, seuls ceux mis en avant par l’auteur ont été repris dans la playlist. Certains morceaux (notamment ceux figurant sur les trois premiers albums de Kraftwerk) ne sont pas disponibles sur Spotify et Deezer et sont par conséquent absents de la playlist sur ces plateformes.
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Playlist :
Les références musicales sont classées selon l’ordre d’apparition dans les principaux chapitres du livre. Pour une meilleure lisibilité les noms des groupes, artistes et albums cités sont résumés à la fin de chaque chapitre.
DAS KONZEPT
- Kraftwerk – Autobahn (Autobahn, 1974)
- Les albums de Kraftwerk Radio-Activity (1975), Trans Europe Express (1977), The Man-Machine (1978) et Computer World (1981) sont évoqués.
- Kraftwerk – Radioactivity (Radio-Activity, 1975), The Robots (The Man-Machine, 1978), Showroom Dummies (Trans Europe Express, 1977) et Tour de France (1983).
ARCHÉOLOGIE SONORE (1967 – 1973)
- Ralf Hütter (futur membre de Kraftwerk) joue dans le groupe de beat music The Phantoms qui fait la première partie des Kinks. Le groupe devient ensuite le Rambo Zambo Bluesband puis Bluesology.
- Organisation – Tone Float, Milk Rock et Noitasinagro (Tone Float, 1970). Florian Schneider et Ralf Hütter créent ce groupe en 1968. L’album Tone Float est enregistré à la fin de l’année 1969 mais il ne sera publié par RCA qu’en août 1970, à cette date le groupe Organisation n’existe déjà plus. The Velvet Underground et John Cale sont évoqués en lien avec le titre Noitasinagro.
- Pink Floyd – Careful With That Axe, Eugene (version live sur Ummagumma de 1969, version studio sur la compilation Relics de 1971). Ce titre est évoqué en lien avec le Tone Float d’Organisation.
- Tangerine Dream – Journey Through A Burning Brain et Cold Smoke (Electronic Meditation, 1970)
- Klaus Doldinger (sous le pseudo de Paul Nero) – Cuica (El Condor Pasa Paul Nero in South America, 1970). Florian Schneider joue sur ce titre.
- Organisation – Ruckzuck. Organisation joue ce titre le 25 avril 1970 au Pop & Blues Festival d’Essen, il sera le premier titre de l’album Kraftwerk.
- Kratwerk – Stratovarius et Megaherz (Kraftwerk, 1970)
- Can – Deadlock et Mother Sky (Soundtracks, 1970). Ce dernier titre a été composé pour le film Deep End de Jerzy Skolimowski.
- Kraftwerk – Rückstoss-Gondoliere (dans l’émision de télévision The Beat Club) et Köln II (dans l’émission Okidoki).
- Neu! – Hallogallo, Negativland, Lieber Honig et Weissensee (Neu!, 1972). Neu! est composé de deux anciens de Kraftwerk : Michael Rother et Klaus Dinger.
- Les formations Ibliss et Kollektiv, composées également d’anciens collaborateurs d’Organisation et Kraftwerk, sont évoqués.
- Kraftwerk – King Klang, Atem et Strom (Kraftwerk 2, 1972)
- Kraftwerk – Elektrisches Roulette, Kristallo, Tanzmusik, Heimatklänge et Ananas Symphonie (Ralf & Florian, 1973)
- Steve Reich – Clapping Music et Drumming (1972)
- Chuck Berry – Johnny B. Goode. Une phrase de ce titre « Maybe someday your name will be in the lights » est évoquée.
- Les albums cités dans ce chapitre : Comus – First Utterance (1971), Horse – Horse, Fynn McCool – Fynn McCool (1970), compilation For The Very First Time (1959) consacrée à Glenn Miller, Neu! – Neu! 2 (1973) et Neu! ’75 (1975) et Terry Riley – A Rainbow In Curved Air (1971).
- Les groupes et artistes cités dans ce chapitre : The Beathovens, The Smash, l’Anthony String Group, John Mayall, Alexis Korner, The Yardbirds, Frank Zappa, Eberhard Kranemann, Karl Berger, Gunter Hampel, Peter Brötzmann, Fleetwood Mac, Amon Düül II, Alexis Korner, Muddy Watters, Deep Purple, The Nice, Andromeda, Nosferatu, Gomorrha, Vom Himmel Hoch, Cluster, Spirit of Sound, Guru Guru, Ash Ra Tempel et Klaus Schulze.
LA PRODUCTION DES CLASSIQUES (1974 – 1986)
- Sun Ra & The Intergalactic Space Research Arkestra – Space Is The Place (Space Is The Place, 1973) et Love In Outer Space (Secrets Of The Sun, 1965).
- Kraftwerk – Kometenmelodie 1 et Kometenmelodie 2 (Kohoutek – Kometenmelodie EP, 1973)
- Kraftwerk – Autobahn, Mitternacht et Morgenspaziergang (Autobahn, 1974)
- The Beach Boys – Fun, Fun, Fun (1964). Ce titre est évoqué en lien avec le titre Autobahn dans lequel on peut entendre « Fun, fun, fun on ze autobhan » alors que les paroles sont « Wir fahren, fahren, fahren auf der autobahn ».
- L’opéra Tannhäuser (1845) de Richard Wagner est évoqué.
- Kraftwerk – Geiger Counter, Radioactivity, Radioland, Airwaves, Radio Stars, Antenna et Ohm Sweet Ohm (Radio-Activity, 1975). L’album Radio-Activity a du succès notamment en France où le titre est utilisé comme générique de l’émission Maximum de musique sur Europe 1. Il est certifié quatre fois disque d’or avec 420 000 exemplaires vendus.
- Kraan – Die Maschine (Let It Out, 1975)
- Lors de la tournée qui suit la sortie de son album Station To Station, David Bowie accueille son public en diffusant Radioactivity lors de ses concerts.
- Les albums The Idiot d’Iggy Pop ainsi que Low (1976) et Heroes (1977) de David Bowie sont cités. Le groupe rencontre les musiciens qui sont cités dans le titre Trans Europe Express « Back to Düsseldorf / Meet Iggy Pop and David Bowie ».
- Brian Eno – Discreet Music (Discreet Music, 1975)
- La Düsseldorf – Silver Cloud (La Düsseldorf, 1976). Formation de Klaus Dinger après la dissolution de Neu!
- David Bowie – Heroes et V-2 Schneider (Heroes, 1977). Ce second titre est dédié à Florian Schneider.
- Kraftwerk – Europe Endless, Trans Europe Express, Showroom Dummies, Metal On Metal, Endless Endless et Franz Schubert (Trans Europe Express, 1977)
- Gustav Malher – La Neuvième Symphonie (1909-1910)
- Visage – Fade To Grey (1980)
- Le film Radio On (1979) du réalisateur Christophe Petit, produit par Wim Wenders, est cité. Il a comme bande son : Heroes et Always Crashing In The Same Car (Low, 1977) de David Bowie, Uranium, Radioactivity et Ohm Sweet Ohm (RadioActivity, 1975) de Kraftwerk et Urban Landscape (Exposure, 1979) de Robert Fripp.
- Kraftwerk – The Robots, Spacelab, Metropolis, The Model, Neon Lights et The Man-Machine (The Man-Machine, 1978).
- Donna Summer – Love to Love You Baby (1975) et I Feel Love (1977)
- Giorgio Moroder – The Chase (1978). Ce morceau est le thème principal du film Midnight Express d’Alan Parker.
- Jean-Michel Jarre – Oxygène Parti IV (Oxygène, 1976)
- New Order – Blue Monday (1983). Ce titre contient un sample du titre Uranium par Kraftwerk. Pour les trois autres titres qui ont inspiré la création de ce morceau mythique, voir notre article sur Dessous de songs.
- Orchestral Manœuvres In The Dark – Electricity et Enola Gay (Orchestral Manœuvres In The Dark, 1980). Le groupe est un fervent adepte de Kraftwerk.
- Soft Cell – Tainted Love (1981). Ce titre est une adaptation du morceau de Gloria Jones de 1964.
- Jacno – Triangle, Losange, Cercle et Rectangle (Jacno, 1979)
- Taxi Girl – Cherchez le garçon (1980)
- Telex – Twist à St Tropez et Moskow Diskow (Looking For St Tropez, 1978). Le premier titre est une adaptation électronique du titre éponyme des Chats Sauvages. Sur ces morceaux le groupe belge Telex parodie le style de Kraftwerk.
- Kraftwerk – Computer World, Numbers et Pocket Calculator (Computer World, 1981)
- Michael Jackson – Billie Jean (Thriller, 1981)
- Depeche Mode – Just Can’t Get Enough (1981)
- Kraftwerk – Tour de France (Tour de France EP, 1983). Le titre est enregistré en plusieurs versions, en français et en allemand, pour le 45-tours. Le titre figure dans le film culte du mouvement hip-hop, Breakin’ (1984)
- Paul Hindemith – Sonate pour flûte et piano (1936). La mélodie de Tour de France emprunte quelques notes du début de ce morceau.
- Kraftwerk – Musique Non Stop, Boing Boom Tschak, Techno Pop et The Telephone Call (Techno Pop / Electric Café, 1986). La sortie de l’album a été retardée des années suite à une chute de vélo de Ralf Hütter, celui-ci reste deux jours dans le coma et met des semaines à s’en remettre. L’album qui devait s’appeler Techno Pop au départ sort finalement sous le nom d’Electric Café. Le nom d’origine est désormais celui utilisé.
- Frankie Goes To Hollywood – Relax (1984)
- Les albums cités dans ce chapitre : Kraftwerk – Exceller 8 (compilation), Tangerine Dream – Ricochet (1975), Fripp & Eno – No Pussyfooting (1972), The Undisputed Truth – Method To The Madness (1976), Giorgio Moroder – From Here To Eternity (1977), Pink Floyd – The Wall (1980), Joy Division – Unknown Pleasures (1979), Ultravox! – Ultravox! (1977), Gary Numan – Replicas (1979), Cybotron – Enter (1983), Throbbing Gristle – United (1978), DAF – Alles Ist Gut et Gold Und Liebe (1981), Walter Carlos – Switched On Bach (1968), Parliament – Mothership Connection (1975), Afrika Bambataa – Planet Rock EP (1982),
- Les groupes et artistes cités dans ce chapitre : Gong, Nektar, Triumvirat, Karlheinz Stockhausen, Maurizio Kagel, Harry Belafonte, Edith Piaf, Bing Crosby, The Beatles, The Rolling Stones, Pierre Schaeffer, Pierre Henry, Stinky Toys, Elli Medeiros, Nico, Jim Morrison, Spaudau Ballet, Boy George de Culture Club, Sting, Eddie Cochran, Gene Vincent, James Brown, George Clinton, Syd Barrett, les Buzzcocks, Magazine, Joy Division, Cabaret Voltaire, Duran Duran, Human League, Die Krupps, Laibach, Front Line Assembly, Front 242, Juan Atkins, Derrick May, Kevin Saunderson, Carl Craig, Jeff Mills, Funkadelic, Jimi Hendrix, Led Zeppelin, Propaganda, The Pet Shop Boys, Erasure et The Communards.
RETRO-ACTIVITY ! LIVE ! (1991 – le futur)
- Lassé de ne pas travailler sur de nouveaux titres, Karl Batos quitte Kraftwerk en 1990. Il est remplacé par Fernando Abrantes qui a joué aux claviers pour une tournée de Sandra, chanteuse du tube (I’ll Never Be) Maria Magdalena.
- Kraftwerk – Radioactivity, Autobahn, Computerlove, The Robots et Music Non Stop (The Mix, 1991). Sur cet album Kraftwerk remixe ses anciens morceaux.
- Balanescu Quartet – The Robots, The Model, Autobahn, Computer Love et Pocket Calculator (Possessed, 1992). Sur cet album, les reprises de Kratwerk sont arrangées par la violoniste Clare Connors.
- Kraftwerk – Expo 2000 (Expo 2000 EP, 1999). Ce titre est une commande au groupe pour l’exposition universelle de novembre 2000 qui s’est tenue à Hanovre.
- Kraftwerk – Luton, Tango et Lichthof. Ces titres sont des morceaux inédits joués lors de concerts dans les années 90.
- Elektric Music – Kissing The Machine (Esperanto, 1992). Elektric Music est fondé par Karl Batos suite à son départ de Kraftwerk, il s’associe avec Lothar Manteuffel, ancien membre du groupe de new wave Rheingold. Andy McCluskey participe à deux titres de l’album dont Kissing The Machine sur lequel il chante.
- Karl Bartos – Atomium, Nacht fahrt et Vox Humana (Off The Record, 2013)
- Yamo – Little Child (1993). Ce titre à but caritatif était destiné à sensibiliser l’opinion sur le sort des enfants mutilés, victimes de la guerre de Bosnie. Wolfang Flür, ex-Kraftwerk, a composé la musique du titre. La sortie de son autobiographie en 1999 déclenchera la colère de ses anciens compagnons de Kraftwerk, menant à un procès contre la sortie du livre.
- Yamo – Guiding Ray et Tra Testa E Mano (Time Pie, 1997)
- Kraftwerk – Prologue, Vitamin, Aéro Dynamik, Elektro Kardiogramm et Titanium (Tour de France Soundtracks, 2003)
- Timbaland feat. Dr. Dre, Justin Timerlake et Missy Elliott – Bounce (Shock Value, 2007). Ce titre utilise un sample de respiration provenant du titre Tour de France de Kraftwerk.
- Kraftwerk – The Man-Machine, Planet Of Vision, Autobahn et Radioactivity (Minimum – Maximum, 2005). Il s’agit du premier album live officiel de Kraftwerk. Ce double CD a été accompagné de la sortie d’un double DVD.
- Lorsque Kratwerk reprend sa tournée en 2008, le membre fondateur Florian Schneider n’est plus sur scène, il a quitté le groupe et a été remplacé par Stefan Pfaffe, opérateur vidéo au sein du studio Kling Klang.
- Atom TM – Schlußwort (Liedgut, 2009). On peut entendre la voix de Florian Schneider sur ce titre.
- Daft Punk – Giorgio By Moroder (Random Access Memories, 2013)
- Les albums cités dans ce chapitre : Electronic – Raise The Pressure (1996), Elektric Music – Elektric Music (1998), Karl Batos – Communication (2003), Mouse On Mars – Vulvaland (1994) et Iaora Tahiti (1995) et Kraftwerk – The Catalogue (2009), ce coffret regroupe huit albums remasterisés d’Autobahn à Tour de France, en excluant les trois premiers albums Kraftwerk, Kratwerk 2 et Ralf & Florian.
- Les groupes et artistes cités dans ce chapitre : U2, Public Ebemy, Big Audio Dynamite II, Bass Bumpers, François Kevorkian, Orbital, Underground Restistance, DJ Rolando, Kylie Minogue, Radiohead, Stevie Wonder, Nile Rodgers de Chic et Pharell Williams.
Kraftwerk de Éric Deshayes est paru en septembre 2014 aux éditions Le mot et le reste.
Marco
Rédacteur
Chroniqueur pour Shut Up and Play The Books ! et Citazine (cinéma), je peux également faire des sites Internet sur Wordpress et du community management. Intérêts : Orson Welles, médias, cinéma, #moviequotes, loutres et plus si affinités.
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Bonne idée et beau travail, continuez !
Merci 🙂