Le livre :
Dans sa biographie de James Brown, Stéphane Koechlin revient sur la carrière du Godfather of Soul, de sa naissance dans une cabane sans eau ni électricité perdue dans une forêt de Caroline du Sud, aux dernières années d’un artiste courant après un succès révolu. Un parcours parsemé de déboires judiciaires – première incarcération à tout juste 16 ans – révélateur d’un homme dominé par une fougue incontrôlable, véritable atout sur scène mais malédiction dans sa vie privée.
Intransigeant avec lui-même, celui que l’on surnomme the hardest working man in show business l’est également avec son entourage. Le chanteur au tempérament de feu ne ménage pas les musiciens de son groupe les Famous Flames et n’hésite pas à virer ou à distribuer des amendes à ses collaborateurs ne suivant pas sa stricte ligne de conduite : absence totale de drogue, d’alcool et tenue vestimentaire irréprochable lors des shows. Une attitude de tyran au travail et des crises de violence au quotidien qui expliquent en partie l’isolement de Mr Dynamite les dernières années de sa vie, alors que les ventes de ses albums ne figurent plus en haut des classements.
Stéphane Koechlin relate cette vie riche et mouvementée en mettant habilement en parallèle la vie de l’artiste et l’histoire des États-Unis. De courts paragraphes s’immiscent ainsi régulièrement dans les chapitres pour relater les évènements marquants du pays, notamment la place de la population noire dans la société. Les assassinats de Malcom X, Martin Luther King ou encore les émeutes raciales des années 60 – James Brown prendra à l’époque la parole publiquement en appelant au calme – sont autant de rappels du racisme ambiant. Ayant grandi dans cette atmosphère de défiance constante entre Blancs et Noirs, James Brown tentera de faire évoluer les choses une fois arrivé au sommet.
Dans cette biographie très complète, l’écrivain ne cache rien des contradictions de celui qui a su révolutionner la soul. Longtemps engagé du côté démocrate, James Brown trouble son image quand il décide de se rendre au Vietnam pour soutenir les troupes américaines et qu’il se laisse charmer par Nixon, le Président lui promettra de décréter un jour en hommage à Martin Luther King… qui ne verra jamais le jour. Curieusement partagé à la fin des années 60 entre patriotisme exalté – America Is My Home – et revendications sociales – Say It Loud (I’m Black and I’m Proud) -, James Brown n’a pas toujours eu une ligne de conduite, politique autant que personnelle, facile à suivre. Il n’en reste pas moins un artiste majeur aux millions de disques vendus, l’inventeur du funk qui a influencé plusieurs générations à l’image de Michael Jackson ou Prince.
Avis :
Le parcours incroyable de ce gamin né dans la misère accédant à la reconnaissance grâce à sa musique se lit comme un roman. Porté par le style très plaisant de Stéphane Koechlin, cette biographie permet de réaliser un voyage passionnant dans la musique black des années 50 aux débuts des années 2000, fortement influencée par le chanteur électrique. Un portait sans concession, mais juste, d’un homme qui ne devait rien à personne. Prodige musical aussi impressionnant sur scène que tyrannique en privé.
Près de huit ans après sa mort, la vie de James Brown continue d’inspirer, preuve en est la sortie du biopic Get On Up (2014) réalisé par Tate Taylor. Le film propose une lecture de la vie du Godfather of Soul plutôt convaincante, notamment dans l’évocation de sa relation compliquée avec Bobby Byrd et de l’isolement qui accompagnera le chanteur jusqu’au bout. Certains protagonistes de son histoire sont malheureusement absents du biopic – Sam Cooke, Tammi Terrell, Otis Redding… – et le montage, mélangeant les époques, peut être un peu perturbant pour des spectateurs ne connaissant pas bien la vie de l’artiste. Malgré tout, Get On Up tient dans l’ensemble ses promesses et arrive notamment à faire revivre l’énergie du showman dans des scènes de concerts stimulantes.
La soul c’est le destin qui a frappé à ma porte. C’était et c’est toujours la seule chance de m’en sortir. La soul, c’est la vérité. C’est la réalité, c’est la survie.
Musique :
Les références musicales sont nombreuses dans cette biographie de James Brown, seuls les morceaux cités de façon explicite (titre et interprète) ont été intégrés à la playlist. Quand plusieurs titres d’un artiste étaient évoqués pour la même période, seul un titre a été retenu.
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Playlist :
Les références musicales sont classées selon l’ordre des trois chapitres principaux du livre. Les noms des artistes et des albums sont regroupés à la fin de chaque chapitre pour plus de lisibilité.
Le petit danseur d’Augusta
- Ray Charles – I Got A Woman (Ray Charles, 1957) et What’d I Say (1959). Le titre I Got A Woman est aussi connu sous son titre original I’ve Got A Woman.
- Blind Boy Fuller – Step It Up and Go (1940), Truckin’ My Blues Away (vers 1937) et I Am a Rattlesnakin’ Daddy (1935)
- Tampa Red & Georgia Tom Dorsey – It’s Tight Like That (1928)
- Tampa Red – Let Me Play with Your Poodle (1942) et Anna Lou Blues (1940)
- L’air de jazz populaire So Long est évoqué.
- Louis Jordan – Caledonia (1945), Choo Choo Boogie (1946) et Early in the Morning (1947)
- Amos Milburn – Bad Bad Whiskey (1950), Good Good Whiskey, Milk and Water (1954) et Chicken Shack Boogie (1948)
- Le premier groupe de James Brown fut The Cremona Trio.
- Wynonie Harris with Luckie Millinder ans His Orchestra – Who Threw the Whiskey in the Well ? (1945)
- Wynonie Harris – Good Rockin’ Tonight (1948) et Wynonie’s Blues (1946)
- Joe Lutcher – Rockin Boogie (1948)
- Jimmy Preston – Rock the Joint (1949)
- Billy Ward and The Dominoes – Sixty Minute Man (1951)
- The Platters – The Great Pretender et Only You (1955)
- The Clovers – One Mint Julep (1952)
- The Ravens – Rock Me all Night Long (1952) et Count Every Star (1950)
- The Flamingos – Golden Teardrops (1953)
- The « 5 » Royales – Baby Don’t Do It et Help Me Somebody (1953)
- The Penguins – Earth Angel (1954)
- Fats Domino – The Fat Man (1949)
- Lowell Fulson – Reconsider Baby (1954)
- Les titres Prisoner of Love et White Cliffs of Dover sont évoqués.
- Hank Ballard & the Midnighters – Work With Me Annie (1954)
- Little Richard- Tutti Frutti (1955) et Long Tall Sally (1956)
- James Brown and the Famous Flames – Please Please Please (1956)
- Le titre Baby Please Don’t Go (1935) de Big Joe Williams, repris en 1952 par le groupe The Orioles est évoqué.
- Big Mama Thornton – Hound Dog (1952)
- Benjamin « Bull Moose » Jackson – I Love You, Yes I Do (1947)
- Les titres Cherokee Boogie (1951) et Pipeliner’s Blues (1940) du pianiste de western Moon Mullican sont évoqués.
- T-Bone Walker – T-Bone Shuffle (1949) et Call It Stormy Monday Blues (1947)
- The Coasters – Riot in Cell Block n°9 (1954), Down in Mexico (1956) et Searchin’ (1957)
- Little Willie John – Fever (1956), All Around the World et Need Your Love So Bad (1955)
- Carl Perkins – Blue Suede Shoes (1955)
- Fats Domino – Blueberry Hill (1956)
- Elvis Presley – Hound Dog, Don’t Be Cruel et Heartbreak Hotel (1956)
- Chuck Berry – Maybellene (1955)
- Ray Charles – Mary Ann (1956)
- Bill Doggett – Honky Tonk (1956)
- James Brown and the Famous Flames – No, No, No, Just Won’t Do Right (1956), You’re Mine, You’re Mine, That Dood It, Baby Cries Over the Ocean (1957), Beggin Begging et That’s When I Lost My Heart (1958)
- Sam Cooke – You Send Me (1957), et Loveable (1956)
- Elvis Presley – Jailhouse Rock (1957)
- James Brown and the Famous Flames – Try Me (1958)
- The Impressions – For Your Precious Love (1958)
- Hank Ballard & the Midnighters – Teardrops on Your Letter (1959)
- Les autres artistes et groupes cités dans ce chapitre : Louis Armstrong, Sidney Bechet, Billie Holiday, Miles Davis, John Coltrane, Charlie Parker, Count Basie, Duke Ellington, Bob Dylan, Gilbert Bécaud, Bessie Smith, Buddy Holly, John Lee Hooker, Cab Calloway, Ella Fitzgerald, Ma Rainey, Joe Louis, Ruth Brown, Roy Brown, Lester Young, Maceo Parker, Curtis Mayfield, B.B. King, Robert Johnson, Lionel Hampton, Johnny Otis, Sam and Dave et Dinah Washington.
Le musicien dionysiaque
- James Brown and the Famous Flames – I Want You So Bad (Try Me!, 1959), Think, Good Good Lovin’, I’ll Go Crazy et I Know It’s True (Think!, 1960)
- Le titre Dedicated To the One I Love (1957) des 5 Royales, repris par The Shirelles et The Mamas and Papas est évoqué.
- James Brown and the Famous Flames – You’ve Got The Power (1960). Ce titre est présent sur la face B du single Think.
- James Brown and the Famous Flames – Baby You’re Right (1961), This Old Heart et Wonder When You’re Coming Home (Think!, 1960), The Bells, And I Do Just What I Want (1960), Bewildered, If You Want Me (1961) et Night Train (James Brown Presents His Band/Night Train, 1961).
- Mary Wells – The One Who Really Loves You (1962)
- Smokey Robinson and The Miracles – Money (That’s What I Want) et Shop Around (1960)
- The Marvelettes – Please Mr Postman (1961)
- Booker T. and the MG’s – Green Onions (1962)
- The Mar-Keys – Last Night (1961)
- Jackie Wilson – Reet Petite (1957), Lonely Teardrops (1968) et Doggin Around (1960)
- Ike Turner – Rocket 88 (1951), A Fool In Love (1960) et I Idolize You (1961)
- James Brown and the Famous Flames – I’ll Go Crazy, Think, I Don’t Mind, Bewildered, Lost Someone et Night Train (Live at the Apollo, 1963)
- James Brown and the Famous Flames – Prisoner of Love (Prisoner of Love, 1963)
- Otis Redding – These Arms Of Mine (1962)
- The Beach Boys – Surfin USA (1963)
- The Beatles – I Saw Her Standing There (1963)
- Tammi Terrell – I Cried (1963)
- Tammi Terrell and Marvin Gaye – Your Precious Love et If I Could Build My Whole World Around You (1967)
- Bobby Byrd – I Found Out (1967) et I Am Just a Nobody (1963)
- Anna King – If Somebody Told You (1964)
- Anna King and Bobby Byrd – Baby, Baby, Baby (1964)
- James Brown and the Famous Flames – Caldonia, Out of Sight et Maybe the Last Time (1964)
- Otis Redding – Pain in My Heart (1963), Security (1964) et A Change Is Gonna Come (1965)
- Lors de l’enterrement du chanteur Sam Cooke, le 17 décembre 1964, The Soul Stirrers chante For Your Precious Love et Ray Charles interprète Angels Keep Watching Over Me.
- Le titre Willie and the Hand Jive est évoqué
- James Brown and the Famous Flames – Papa’s Got a Brand New Bag (1965)
- Vicki Anderson – Baby, Don’t You Know (1967)
- James Brown and the Famous Flames – I Got You (I Feel Good) (1965), Ain’t That a Groove (1966) et It’s a Man’s Man’s Man’s World (1966)
- Otis Redding – Fa-Fa-Fa-Fa-Fa (Sad Song), Try a Little Tenderness (1966), I’ve Been Loving You Too Long (1965) et le titre posthume Dock of the Bay (1968).
- James Brown and the Famous Flames – Don’t Be a Drop-Out (James Brown Sings Raw Soul, 1967)
- James Brown and the Famous Flames – America Is My Home et Say It Loud (I’m Black and I’m Proud) (1968)
- Les autres artistes et groupes cités dans ce chapitre : Sarah Vaughan, Steve Cropper, Eric Clapton, Yvonne Fair, Marvin Gaye, The Supremes, Diana Ross, The Temptations, Stevie Wonder, The Valentinos, Bobby Womack, King Curtis, Peggy Lee, The Rolling Stones, Mick Jagger, Mary Wilson, Mavis Staple, Bessie Griffin, Lowell Fulson, T-Bone Walker, Aretha Franklin, Barbara Streisand, Amy Winehouse et Eddie Floyd.
James Brown l’africain
- James Brown and the Famous Flames – Cold Sweat (1967), Let Yourself Go et Bring It Up (Live at the Garden, 1967)
- Prince – Purple Rain (1984)
- Le titre That’s Life de Frank Sinatra est évoqué.
- Sly and the Family Stone – Sing a Simple Song (1968)
- James Brown and the Famous Flames – Mother Popcorn, Lowdown Popcorn, Popcorn Road, Let the Man Come In And Do the Popcorn (Part One) et Popcorn With the Feeling (1969)
- James Brown and the Famous Flames – Your Cheatin’ Heart, September Song, It’s a Man’s Man’s Man’s World (Soul on Top, 1969) et Funky Drummer (1970)
- Sly Stone – Dance to the Music (1968) et I Want To Take You Higher (1969)
- James Brown and the Famous Flames – Get Up (I Feel Like Being Like A Sex Machine) (Part 1) et (Call Me) Super Bad (1970)
- James Brown and the Famous Flames – Ain’t It Funky Now, It’s a Man’s Man’s Man’s World, Please Please Please, Georgia on My Mind, Try Me, Bewildered et Sex Machine (Live at the Olympia, 1971)
- James Brown and the Famous Flames – Soul Power, Make It Funky, Hot Pants (1971), Get on the Good Foot (1972), Mind Power (The Payback, 1973) et Honky Tonk (1972)
- James Brown and Lynn Collins – What My Baby Needs Now Is A Little More Lovin’ (1972)
- Le titre Killing Me Soflty de Roberta Flack est évoqué.
- The Temptations – Papa Was a Rolling Stone (All Directions, 1972) et Message From a Black Man (Puzzle People, 1969). Ce dernier titre cite le « Say It Loud… » de James Brown.
- James Brown and the Famous Flames – Forever Suffering et Shoot Your Shoot (The Payback, 1973)
- James Brown and the Famous Flames – Please Please Please, When the Saints Go Marching In, Stormy Monday, My Thang, Papa Don’t Take No Mess, I Can’t Stand It, Cold Blooded et A Man Has to Go Back to the Crossroad Before He Finds himself (Hell, 1974)
- James Brown and the Famous Flames – Get Offa That Thing (1976)
- James Brown and the Famous Flames – Body Heat et Jam (Hot on the One, 1980)
- James Brown and the Famous Flames – Living in America (BO Rocky IV, 1985)
- Les trois titres suivants contiennent des samples de titres de James Brown :
N.W.A – Fuck Tha Police (Straight Outta Compton, 1988)
Public Enemy – Don’t Believe the Hype (It Takes a Nation of Millions to Hold Us Back, 1988)
Massive Attack – Protection (Protection, 1994). On retrouve dans ce titre quelques parties de guitare du titre The Payback de James Brown. - L.A. Style – James Brown Is Dead (1991)
- Holy Noise – James Brown Is Still Alive (1991)
- Traumatic Stress – Who the fuck is James Brown ? (1991)
- James Brown – Funk on Ah Roll et Kare (I Am Back, 1998)
- James Brown – Killing is Out, School Is In (The New Step, 2001)
- Le titre Walk Around Heaven est joué par Alie Ollie Woodson, membre des Temptations, à l’enterrement de James Brown et Tomi Rae Hynie, la dernière compagne de James Brown, a chanté Hold On I’m Coming de Sam and Dave.
- Les autres artistes et groupes cités dans ce chapitre : Marva Whitney, Led Zeppelin, Ten Years After, Archie Shepp, Jimi Hendrix, Fela Kuti, Bootsy Collins, Black Sabbath, George Clinton, Sammy Davis Junior, Michael Jackson, The Pointers Sisters, Janis Joplin, Crosby, Stills, Nash & Young, Schubert, Tchaïkovski, Strauss, Brian Eno, David Bowie, The Talking Heads, Lionel Richie, Earth Wind & Fire, Bach, Mozart, Beethoven, Irvin Berlin et Cole Porter.
James Brown est paru en octobre 2007 aux éditions Gallimard dans la collection Folio biographies.
Marco
Rédacteur
Chroniqueur pour Shut Up and Play The Books ! et Citazine (cinéma), je peux également faire des sites Internet sur Wordpress et du community management. Intérêts : Orson Welles, médias, cinéma, #moviequotes, loutres et plus si affinités.
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