Le livre :

California Dreamin' - Pénélope BagieuDans California Dreamin’, Pénélope Bagieu met en images le parcours d’Ellen Naomi Cohen, connue sous le pseudonyme de « Mama » Cass Elliot. Inspirée par la biographie d’Eddi Fiegel Dream a Little Dream of Me: The Life of « Mama » Cass Elliot parue en 2005 (non traduite en français à ce jour), la dessinatrice dévoile au fil des cases la vie de cette femme née en 1941 dans une famille juive de Baltimore et qui, petite déjà, rêvait de devenir chanteuse.

Un souhait qui sera exaucé, non sans batailles, grâce à sa voix incroyable et une personnalité aussi excentrique qu’attachante. Boulimique, Ellen est trop grosse pour espérer devenir une star. Et pourtant, à 19 ans seulement, elle décide de devenir Cass Elliot et de tenter sa chance à New-York, échappant par la même occasion à un destin de vendeuse de pastrami. Il n’y a pas de sot métier mais avouez que cela aurait été dommage.

Emportée par le courant folk, Cass se fait des contacts dans le milieu artistique new yorkais et intègre un premier groupe. Le grand chamboulement arrive lorsqu’elle tombe amoureuse de Denny, le chanteur des Journeymen. Une rencontre qui va lui permettre d’intégrer le groupe qui la rendra célèbre : The Mamas and the Papas.

Pénélope Bagieu - California Dreamin' (extrait) © Gallimard

Avis :

Avec la facétieuse Cass Elliot, la créatrice de Joséphine semble avoir trouvé un sujet qui lui convient à merveille. De la première à la dernière page, on ressent toute la sympathie – et parfois l’empathie – de l’auteure pour la chanteuse. Un sentiment de bienveillance qui se transmet tout naturellement au lecteur : il est tout simplement impossible de ne pas aimer cette femme forte – dans tous les sens du terme – qui a dû s’imposer, par sa voix mais aussi son humour désarmant, dans un milieu artistique qui ne voulait pas d’elle.

– Tu seras une grosse célèbre
– Ta gueule. (…) Je serai la grosse la plus célèbre du monde.

Chaleureuse, drôle mais aussi émouvante, Mama Cass est tout cela à la fois dans California Dreamin’. Pour ce nouveau projet, Pénélope Bagieu adopte un traitement au crayon, spontané et parfois foutraque – après tout qui a besoin de cases ? -, qui colle parfaitement à l’ambiance de ces années 60 insouciantes et à la personnalité hors-normes de la chanteuse. La bande dessinée séduit aussi par ses chapitres bien pensés, racontés chacun à travers la vision d’un proche (famille, amis, musiciens…), qui donnent à cette biographie « fictionnelle » des points de vue complémentaires sur le personnage central de cette folle ascension vers le succès.

Ce roman graphique très attachant permet de découvrir le tempérament combatif mais aussi les déceptions – notamment amoureuses – de cette femme qui, malgré l’incroyable beauté de Michelle, s’est imposée pour beaucoup comme le membre charismatique de The Mamas and the Papas. On referme la BD en regrettant que le voyage auprès de Mama Cass ne dure pas plus longtemps ; Pénélope Bagieu termine en effet le récit alors que le groupe commence à battre de l’aile pour des raisons personnelles entre ses membres. On se plait alors à imaginer une suite dans laquelle on retrouverait Mama Cass lors de sa période solo qui l’a occupée de 1968 à 1974, avant qu’une crise cardiaque l’empêche définitivement de chanter à 32 ans.
Une chose est certaine, California Dreamin’ donne envie de se replonger dans la musique de « Mama » Cass Elliot, et c’est un signe de réussite indéniable.

All the leaves are brown and the sky is grey
I’ve been for a walk on a winter’s day
I’d be safe and warm if I was in L.A.
California dreaming on such a winter’s day

Musique :

En plus des titres cités dans la bande dessinée, la playlist reprend les chansons proposées par Pénélope Bagieu à la fin du récit pour découvrir l’univers de la chanteuse.

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Playlist :
Les références musicales sont classées selon l’ordre d’apparition dans la bande dessinée.

  • La donna è mobile. Ce célèbre air est présent dans le troisième et dernier acte de l’opéra Rigoletto (1850-1851) de Giuseppe Verdi (1813-1901). Il est écouté par le père d’Ellen dans la BD.
  • Aïda, un autre opéra de Verdi composé entre 1870 et 1871 est cité.
  • Mi chiamano Mimì. Cet air d’opéra pour soprano est extrait de La Bohème (1892-1895) de Giacomo Puccini (1858-1924). Ellen chante cet air en sortant d’une représentation de La Bohème à laquelle son père l’a emmenée.
  • Florence Foster Jenkins – Like a bird. On voit un vinyle de ce morceau dans les mains du père d’Ellen. Celui-ci raconte à sa fille l’histoire de cette amatrice d’opéra… qui chantait totalement faux. Un biopic sur cette femme est en cours de préparation aux Etats-Unis et sa vie a inspiré le réalisateur Xavier Giannoli pour son film Marguerite (2015).
  • Brigadoon. Ce morceau est le thème principal du film éponyme réalisé par Vincent Minelli, sorti en 1954. Ellen chante cet air alors qu’elle est en cours.
  • Elvis Presley – (Let Me Be Your) Teddy Bear (1957). Elvis joue ce titre à la télé dans la bande dessinée.
  • La comédie musicale américaine Bells Are Ringing (1956) est évoquée. Ellen est encouragée à passer l’audition par son amie Sharon et elles chantent le thème principal de la pièce ensemble dans un restaurant.
  • Le pianiste et compositeur de jazz Dave Brubeck (1920-2012) est évoqué. Ellen, qui se fait désormais appeler par son nom de scène Cass Elliot, diffuse une de ses compositions lors de l’émission radio « Ring a Ding Dong School » qu’elle anime sur la radio étudiante WAMU.
  • La chanteuse Joan Baez est présente sur le couverture du magazine Time.
  • L’accident d’avion ayant coûté la vie au chanteur rock Buddy Holly est évoqué.
  • Les guitaristes Jimmy Reed et Elmore James sont évoqués.
  • Cass Elliot cite la comédie musicale South Pacific (1949).
  • Le groupe de folk américain Peter, Paul and Mary est évoqué.
  • Cass Elliot intègre le groupe de folk The Big 3 auprès de Tim Rose et Jim Hendricks.
  • Le morceau Fingertips Part 1 & 2 (1963) de Stevie Wonder est chanté dans un bus de tournée par David Crosby.
  • Le trio folk The Journeymen est évoqué, il réunit John Phillips, Scott McKenzie et Dick Weissman.
  • Etta James – The Wallflower (Dance with Me, Henry) (1955). Ce titre, également connu sous le titre Roll with Me, Henry, est chanté par Cass Elliot et Denny Doherty dans un bar.
  • Dans ce même bar, Cass Elliott entend les Beatles pour la première fois à la radio.
  • Cass Elliot rejoint un nouveau groupe The Mugwumps avec Denny Doherty, Jim Hendricks, John B. Sebastian et Zal Yanovsky.
  • The Beatles – Till There Was You. Le groupe interprète ce titre à la télé lors de leur première apparition au Ed Sullivan Show le 9 février 1964.
  • Scott McKenzie – San Francisco (Be Sure to Wear Flowers in Your Hair) (1967)
  • The Mamas and the Papas – California Dreamin’ (If You Can Believe Your Eyes and Ears, 1966)
  • Les Beach Boys et Bob Dylan sont évoqués.
  • Playlist proposée par Pénélope Bagieu à la fin de la bande dessinée :
  • The Mamas and the Papas – California Dreaming’, Do You Wanna Dance (If You Can Believe Your Eyes and Ears, 1966) et I saw her again (The Mamas and the Papas, 1966). 
  • Mama Cass Elliot – Dream a Little dream of Me (1968)
  • The Mamas and the Papas – Dedicated To The One I Love (Deliver, 1967) et Dancing in the Street (The Mamas and the Papas, 1966), Creeque Alley (Deliver, 1967) et Midnight Voyage (The Papas and the Mamas, 1968)

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California Dreamin’ de Pénélope Bagieu est paru en septembre 2015 aux éditions Gallimard BD.

Marco

Marco

Rédacteur

Chroniqueur pour Shut Up and Play The Books ! et Citazine (cinéma), je peux également faire des sites Internet sur Wordpress et du community management. Intérêts : Orson Welles, médias, cinéma, #moviequotes, loutres et plus si affinités.
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