American psycho – Bret Easton Ellis
Le livre :
Jeune, beau et riche, il a tous les atouts du gendre idéal mais les apparences sont trompeuses. Patrick n’est pas (du tout) sympathique, il hait profondément les femmes, les pauvres, les homosexuels, les étrangers, les animaux… Quand il n’est pas devant son émission de télé-témoignage préférée ou en train d’entretenir sa musculature, Bateman viole, torture, décapite et massacre ceux qui ont la malchance de croiser son chemin.
Avis :
American psycho n’est pas un livre conseillé aux lecteurs sensibles, les massacres de Patrick Bateman y sont décrits de façon très explicite avec une profusion de détails atroces. Au-delà de cette violence extrême qui a déjà découragé de nombreux lecteurs, l’intérêt du roman réside dans le fait d’être dans la tête de Bateman. Au fil du roman les hallucinations du narrateur et des incohérences viennent troubler l’univers dans lequel nous sommes immergés. Et si le narrateur vivait tous ces fantasmes morbides dans sa tête en s’imaginant passer à l’acte ?
Bret Easton Ellis brouille les pistes et laisse au lecteur le soin de trancher, Bateman est-il un psychopathe ou (seulement) un sociopathe schizophrène ?
Dans son roman d’autofiction Lunar Park paru en 2005, l’auteur donne des clés pour répondre à cette question. Il y fait revivre Patrick Bateman qui vient hanter un écrivain à succès dont le nom est… Bret Easton Ellis. Poursuivi par sa création littéraire, l’auteur devra affronter des événements terrifiants et ses propres démons.
Si vous avez vu le film American psycho réalisé par Mary Harron en 2000 avant de lire le roman, ce qui était mon cas, sachez que l’adaptation cinématographique est une version très « light » de l’œuvre originale. Le film n’a pas assagi Patrick Bateman mais ne pouvait décemment pas tout montrer.
Musique :
La musique (fin des années 80) est très présente dans American psycho qui débute par un extrait du morceau (Nothing but) flowers du groupe Talking Heads, le groupe préféré de Patrick Bateman :
And a thing fell apart
Nobody paid much attention
On retient souvent du narrateur son humour froid et décalé comme sa seule part d’humanité mais c’est faire l’impasse sur l’omniprésence de la musique au fil des pages. Les passages où Bateman s’enflamme pour un groupe ou chanteur sont ceux qui nous rapprochent de cet être totalement instable.
En complément des morceaux que Patrick écoute dans son walkman ou chez lui (seul ou en accompagnement d’un massacre), trois « chapitres musicaux » sont consacrés à Whitney Houston et aux groupes Genesis et Huey Lewis and the News. Dans chacun de ces chapitres, Patrick détaille la discographie de ces artistes.
Autre référence en filigrane tout le long du roman, la comédie musicale Les Misérables que l’on retrouve plusieurs fois sur des affiches dans la rue et en fond sonore.
La liste présentée ci-dessous est exhaustive, elle reprend toutes les références musicales dans le roman en corrigeant les erreurs de Patrick Bateman qui se trompe à plusieurs reprises sur le nom des interprètes de certains morceaux.
Seuls les morceaux dont j’ai pu identifier clairement le titre et l’interprète original sont présents dans la playlist audio, pour les trois « chapitres musicaux » qui explorent la discographie des artistes cités seuls quelques titres que le narrateur dit préférer ont été sélectionnés.
La bande originale du film n’a que quelques titres en commun avec les références musicales du roman. L’adaptation cinématographique a utilisé certains titres évoqués dans le livre mais a surtout créé un univers musical propre en cohérence avec les morceaux cités dans le roman.
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Playlist :
(par ordre d’apparition dans le livre)
- Talking Heads – (Nothing but) flowers, est un titre issu de Naked, le dernier album de ce groupe sorti en 1988.
- Premier morceau entendu dans le livre et première erreur, le morceau Be my baby qui passe à la radio dans un taxi n’est pas un titre de The Crystals comme le pense Bateman mais un morceau de The Ronettes. Ce titre a été écrit par Phil Spector, Jeff Barry et Ellie Greenwich en 1963.
- Un ami de Patrick sifflote l’air du morceau If i was a richman après avoir demandé à un sans logis s’il prenait la carte American Express. Cette chanson est issue de la comédie musicale Fiddler on the roof (Un violon sur le toit) de 1964.
- Une « version new age » du morceau White rabbit est diffusée dans une boite. Le titre orignal est de Jefferson Airplane, il est paru en 1967 sur leur album Surrealistic Pillow.
- Patrick Bateman écoute « le dernier CD des Talking Heads ». Il s’agit de l’album Naked cité ci-dessus.
- The Tokens – The lion sleeps tonight, cette version est sortie en 1961.
- Nouvelle évocation du « dernier CD des Talking Heads ».
- Le morceau Then he kissed me ainsi que les 5 titres suivants sont diffusés dans des bars. Patrick Bateman pense qu’il est chanté par The Ronettes, il s’agit en fait du groupe The Crystals. Un morceau sorti en 1963.
- Bateman attribue le morceau Dancing in the street au groupe The Shirelles. En réalité ce titre, co-écrit par Marvin Gaye et qui a été beaucoup repris par la suite, a été interprété par Martha and the Vandellas en 1964.
- INXS – New sensation (la version longue). La version originale figure sur l’album Kick paru fin 1987.
- Une fille danse sur « Love triangle, je crois ». Très certainement le single Bizarre love triangle de New Order sorti en 1986.
- MARRS – Pump up the volume est diffusé dans une boîte. Il s’agit du seul single du groupe britannique MARRS, sorti en 1987.
- Eddie Murphy – Party all the time. Eh oui le flic de Bervely Hills chante, un morceau de 1985 avec pour caution musicale Rick James, l’interprète du génial Superfreak.
- “une quelconque version de Sympathy for the devil” diffusée par le haut parleur d’un ascenseur. L’original est un titre des Rolling Stones extrait de l’album Beggars Banquet enregistré en 1968.
- Patrick Bateman écoute une compilation avec des titres de Tom Bishop et Christopher Cross dans son walkman.
- Toujours dans son walkman, Patrick écoute le Canon de Pachelbel. Son nom complet est le Canon en ré majeur sur une basse obstinée, composé par Johann Pachelbel en 1677, il s’agit d’une pièce pour trois violons et une basse continue.
- Chez lui Patrick écoute le « dernier CD de Huey Lewis ». Il s’agit de l’album Small world sorti en 1988. (voir ci-dessous)
- Au restaurant le morceau Cherish est diffusé. Patrick pense qu’il s’agit d’un morceau de The lovin’ Spoonful mais c’est un morceau du groupe The association. Il est resté trois semaines numéro 1 aux États-Unis en septembre 1966.
- INXS – New sensation, présent une nouvelle fois dans le livre, puis toujours de INXS – The devil inside, lui aussi issu de l’album Kick de 1987.
- Belinda Carlisle – I feel free est issu de l’album de 1987 Heaven on earth, il s’agit d’une reprise d’un titre du groupe Cream.
- George Michael – Faith est diffusé dans une boite. Ce titre est sorti en 1987 sur l’album éponyme Faith.
- Phil Collins – Groovy kind of love. Selon Patrick, la « meilleure chanson qu’il ait écrite », une remarque étonnante car il s’agit d’une reprise faite en 1988 d’un morceau datant de 1965.
- Bateman écoute « le dernier Christopher Cross » dans son walkman. Il pourrait s’agir de l’album Back of my mind de 1988.
- Bobby McFerrin – Don’t worry be happy. Ce morceau date de 1988, on aperçoit Robin Williams dans le clip.
- Patrick entend une « version supermarché » du titre Don’t worry baby. Ce morceau interprété à l’origine par The Beach Boys est présent sur l’album Shut Down Volume 2 sorti en 1964 et sur la face B du tube I get around.
- Patrick écoute (de nouveau) le « dernier Huey Lewis and the News ».
- Le premier « chapitre musical » est consacré à Genesis. Patrick Bateman se dit fan depuis l’album Duke sorti en 1980, même s’il avoue apprécier le morceau Follow you, follow me sur l’album précédent And then there were three sorti en 1978. Sur l’album Duke les morceaux Misunderstanding et Turn it on again plaisent à notre sociopathe adoré. Sur l’album Abacab (1981) il retient Man on the corner et sur l’album Genesis sorti en 1983, le morceau That’s all. Enfin sur l’album Invisible Touch de 1986, deux morceaux le séduisent particulièrement, Tonight, Tonight, Tonight et In too Deep. Le chapitre se termine sur la carrière solo de Phil Collins avec ses titres préférés qui sont Sussudio et You can’t hurry love, reprise de The Supremes qu’il considère comme supérieur à l’original.
- La chanson Somewhere chantée dans la rue donne l’occasion à Patrick de faire un commentaire homophobe. Il s’agit d’un morceau tiré du musical West Side Story de 1957, adapté au cinéma en 1961.
- La comédie musicale anglaise Maggie ! est évoquée. Il s’agit probablement du musical Maggie May.
- Dans un concert de U2, Bono semble chanter « where the beat sounds the same » selon Patrick Bateman. Le morceau Where the streets have no name de 1987 est certainement à l’origine de cette hallucination sonore. Plus tard il semble entendre “le héros est un insecte en ce monde”, je n’ai pas trouvé de référence à un morceau existant.
- Le narrateur écoute dans son walkman des morceaux de Dizzy Gillespie enregistrés dans les années 40. Il s’agit d’un trompettiste, compositeur et chef d’orchestre de jazz américain.
- Madonna – Like a prayer est entendu par le narrateur dans la rue. Ce morceau est sorti en mars 1989 en single, il est issu de Like a prayer, le 4ème album de la chanteuse.
- Et le CD préféré de Patrick Bateman est… The return of Bruno de Bruce Willis, un album enregistré en 1987 sur le label Motown.
- Lou Christie – Lighting Strikes. Il s’agit d’un morceau de 1966.
- Une version de The lion sleeps tonight. Déjà citée ci-dessus, il s’agit d’une chanson populaire africaine, composée par Solomon Linda en 1939.
- Bon Jovi – Wanted dead or alive. Ce titre est issu de l’album Slippery When Wet sorti en 1986.
- Le dernier CD de Mike and The Mechanics est évoqué. Ce groupe est un projet de Mike Rutherford, un membre fondateur de Genesis. L’album évoqué doit être Living years sorti en 1988.
- Huey Lewis and the news – Hip to be square est siffloté. Un morceau extrait de l’album Fore, voir ci-dessous.
- La Bande originale des Misérables (la version de Broadway) est écoutée. L’adaptation du célèbre roman de Victor Hugo en comédie musicale date de 1980.
- Dans la rue une chorale chante Joy to the world, une autre Hark the Herald Angels. Deux chansons traditionnelles de Noël.
- Évocation de « vieilles chansons de Noël enregistrées par The Ronettes dans les années 60 ».
- Le nom de Bill Septor (ou Skeptor) est prononcé, surement une allusion à Phil Spector, le célèbre producteur, auteur-compositeur américain emprisonné pour le meurtre de l’actrice Lana Clarkson en 2003. Dans cette même conversation évocation des Miz’, diminutif donné à la comédie musicale Les Misérables.
- O Tannenbaum est chantée par une chorale de lutins, normal c’est Noël.
- INXS – New sensation, morceau évoqué pour la troisième fois dans le livre.
- Le morceau de Belinda Carlisle – I feel free est de nouveau entendu.
- The Beatles – A day in the life, ce titre clôt l’album Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band de 1967. Il est constitué d’un collage de deux morceaux inachevés, l’un de John Lennon et l’autre de Paul McCartney, ce dernier étant placé au milieu de celui de Lennon
- Vivaldi – Les quatre saisons, une pièce musicale composée en 1725.
- Belinda Carlisle – Heaven is a place on earth (voir ci-dessus)
- The Kingsmen – Louie, Louie. Ce morceau mythique de rock a été composé en 1956 par Richard Berry.
- Le second « chapitre musical » est consacré à Whitney Houston, selon Patrick Bateman « une des voix noires les plus passionnantes et les plus originales de sa génération ». Deux albums cités, Whitney Houston sorti en 1985 et Whitney en 1987. Dans le premier on retiendra le morceau The greatest love of all et Love is a contact sport dans le second.
- Citation du groupe Milli Vanilli dans une conversation. Ce groupe de dance d’origine allemande créa la polémique quand il fut révélé que les « chanteurs » n’étaient pas les véritables interprètes des morceaux.
- Écoute d’un album de Kenny G. dans le walkman du narrateur.
- Évocation des disques des années 50 de Frank Sinatra.
- Nat King Cole est présent dans le livre avec l’évocation de son album After midnight de 1957.
- Patrick écoute un CD de Traveling Wilburys, un groupe composé de Bob Dylan, George Harrison, Tom Petty, Jeff Lynne et Roy Orbison.
- Frankie Valli – The worst that could happen diffusé par un jukebox. Je n’ai pas trouvé de version chantée par Frankie Valli, ce morceau a été enregistré en 1967 par le groupe The 5th Dimension puis par Johnny Maestro & The Brooklyn Bridge en 1969.
- Écoute d’un CD de Richard Marx, un chanteur pop/rock américain.
- Troisième et dernier « chapitre musical » sur Huey Lewis and the news. De l’album Picture This (1982) on retient Do you Believe in Love. Sur l’album Sports (1983) le choix de Patrick se porte sur I want a new drug ainsi que The power of love et Back in time, morceaux de la bande originale du premier film Retour vers le futur. Sur l’album Fore de 1986 on retient le Hip to be square, siffloté précédemment et enfin sur l’album Small world (1988), le morceau Perfect world.
- Évocation de l’album de Elvis Costello, My aim was you. Nouvelle erreur, cet album d’Elvis Costello de 1977 s’appelle My aim is true.
- Frank Sinatra – Witchcraft, un morceau sorti en 1957.
- Évocation à nouveau de Life is a prayer de Madonna.
- On demande à Patrick Bateman quelle est la chanson la plus triste selon lui, il répond You can’t always get what you want des… Beatles. Ce morceau est évidemment un titre des Rolling stones présent sur l’album Let it bleed sorti en 1969. Et pour la chanson la plus gaie Patrick répond Bruce Springsteen – Brilliant Disguise, ce titre est sur l’album Tunnel of love de 1987.
- Le narrateur écoute dans son walkman une cassette de Bix Beiderbecke, un musicien de jazz américain.
Marco
Rédacteur
Chroniqueur pour Shut Up and Play The Books ! et Citazine (cinéma), je peux également faire des sites Internet sur Wordpress et du community management. Intérêts : Orson Welles, médias, cinéma, #moviequotes, loutres et plus si affinités.
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