Cabu Swing : Souvenirs & carnets d’un fou de jazz

Le livre :

Publié en octobre 2013, Cabu Swing : Souvenirs & carnets d’un fou de jazz rassemble des centaines de dessins et de nombreux reportages consacrés au jazz réalisés par Cabu tout au long sa carrière. Le recueil montre la passion du dessinateur pour cette musique, et plus particulierement pour le « jazz qui déménage », celui qui donne envie de bouger, pas celui qui « donne envie de se jeter dans la Seine » ni le free jazz « trop intello » ! Comme le titre de cette anthologie l’indique, Cabu aimait le jazz qui swingue et il allait l’apprécier dans des clubs et des festivals où, parfois dans le noir, souvent debout, il immortalisait sur ses carnets les postures de ses chanteurs favoris de son coup de crayon inimitable.

Jean Cabut, plus connu sous le pseudo de Cabu, réalise ses premiers reportages musicaux pour Hara-Kiri dans des cabarets parisiens où il croque les traits des jeunes chanteurs de l’époque (Brel, Boby Lapointe, Gainsbourg…), encore inconnus du grand public. Cependant, il est plus attiré pas la joie de vivre du swing : Trenet et les jazzmen américains le font plus vibrer que la chanson française à tendance mélancolique. Plus tard, Cabu se retrouve dans son élément en arpentant, notamment pour Charlie Hebdo, les festivals et les salles de concerts où se produisent des légendes du jazz comme Cab Calloway, Lionel Hampton, Count Basie ou encore Duke Ellington.

Cabu Swing rend hommage à la passion dévorante du célèbre caricaturiste pour le jazz et permet de découvrir des facettes parfois moins connues de celui qui a été reporter musical, chroniqueur radio sur TSFJAZZ, dessinateur sur les plateaux de télé ou encore illustrateur de pochettes de disques.

Avis :

Caricaturiste de talent, auteur du dessin tristement prémonitoire « C’est dur d’être aimé par des cons » en couverture d’un numéro spécial de Charlie Hebdo, Cabu a été assassiné avec d’autres membres de la rédaction du journal satirique le 7 janvier 2015 lors d’une attaque terroriste. La sidération et l’émotion engendrée par l’attentat s’est traduite, en dehors des manifestations citoyennes dans les rues de France pour défendre la liberté d’expression, par un intérêt renforcé pour l’oeuvre de Cabu et ce très beau recueil est malheureusement vite devenu difficile à se procurer.

Magnifique témoignage de l’époque désormais révolue des monstres du jazz, Cabu Swing met en lumière l’incroyable facilité du regretté dessinateur à saisir l’énergie de cette musique qu’il aimait tant. On retrouve également dans les textes accompagnant ses croquis pris sur le vif l’esprit parfois taquin et très enfantin du célèbre caricaturiste. Il faut espérer que ce recueil, optimiste et plein de vie, à l’image de son auteur, soit un jour réédité pour que soit de nouveau accessible au plus grand nombre ce bel hommage au jazz qui déménage par l’un de ses plus grands fans.

Si je ramène toujours le jazz à l’humour, c’est parce que je m’insurge contre la déprime générale, contre le « déprimisme ». Le swing, cette musique que j’aime, est celle d’une époque de guerre, et elle offre un moment de joie. Aujourd’hui, ce n’est pas comparable. La situation n’est pas aussi dramatique, pourtant certains expriment la tristesse et revendiquent la déprime perpétuelle. Si des journaux comme Charlie Hebdo existent, c’est pour tenter d’y remédier et apporter du rire et de l’énergie.
Cabu

Le swing est une musique visuelle, faite d’élégance. Que c’est beau, un big band… Pour moi, il n’y a pas non plus de spectacle sans dessin. Les musiciens ont tous une silhouette. Ce qui, allié à un bon concert, donne immanquablement envie de dessiner.
Cabu

Musique :

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Playlist :
Les références musicales sont classées selon l’ordre d’apparition dans les chapitres du livre. Sauf oubli, les titres de la playlist sont autant les titres cités dans les textes que ceux évoqués dans les dessins de Cabu. Il en est de même pour les noms des artistes.

Le jazz qui déménage

  • Charles Trenet – En quittant une ville, j’entends (1959). Chanson évoquée dans un dessin sur lequel on voit Trenet sortir de la fumée d’un train avec les paroles de la chanson « Dans le train de nuit y a des fantômes ».
  • Georges Brassens – Le Gorille (1952)
  • Maurice Chevalier – La Chanson du maçon (1941)
  • Charles Trenet – Terre ! (1941), Ohé Paris ! (1950), Y a d’la joie (1937) et À la porte du garage (1955)
  • Cab Calloway – Minnie the Moocher (1931)
  • Bill Haley – Rock Around the Clock (1954)
  • Charles Trenet – Le piano de la plage (1958), Papa pique et maman coud (1940), La mer (1945), Je chante, Fleur bleue  (1937) et Le Soleil et la Lune (1939)
  • Cab Calloway – Zaz zuh gaz (1933)
  • Autres chanteurs(ses) et musicien(ne)s évoqués dans ce chapitre : Tino Rossi, Jack Dévial, Jacques Lousier, Bach, Edith Piaf, Lionel Hampton, Fats Waller, Jean Ségurel, Yvette Horner, André Claveau, Duke Ellington, Django Reinhart, Stéphane Grappelli, Woody Herman, Berthe Sylva, Philippe Val et Patrick Font, Jacques Higelin, Glenn Miller, Johnny Halliday, Elvis Presley, Johnny Hess, Maxime Leforestier, Graeme Allwright et Leny Escudero.

De Hara-Kiri à Jazz Hot

  • Serge Gainsbourg – La recette de l’amour fou et La femme des uns sous le corps des autres (Du chant à la une !, 1958)
  • Mouloudji – Le Déserteur (1954)
  • Cora Vaucaire – La Complainte de la Butte (1955)
  • Anne Sylvestre – Les Cathédrales
  • Magali Noël – Fais-moi mal, Johnny (1956)
  • Charles Trenet – Mam’zelle Clio (1939)
  • Yves Montand – Casse-têtes (1947)
  • Juliette Gréco – Bleu sans cocaïne (Gréco 83, 1983)
  • Marcel Amont – Paris Rombière (1979)
  • Maurice Chevalier – Le Twist du canotier (1962)
  • France Gall et Maurice Biraud – La petite (1967)
  • Duke Ellington – It don’t mean a thing (1943)
  • Autres chanteurs(ses) et musicien(ne)s évoqués dans ce chapitre : Ricet Barrier, Marie-Josée Neuville, Jacques Brel, Pierre Perret, Barbara, Christine Sèvres, Jean Ferrat, Nicole Louvier, Jacques Vérières, Philippe Clay, Darry Cowl, Bobby Lapointe, Guy Béart, Boris Vian, Charlie Parker, John Heard, Freddie Green, Butch Miles, Ella Fitzgerald, Joe Williams, Rosemary Clooney, Helen Humes, Julien Clerc, Serge Reggiani, Régine, Michel Polnareff, Victor Gaskin, Archie Sheep, Rufus Jones, Paul Gonsalves, Vince Taylor, Les Chaussettes noires, Ringo Starr, Eddy Mitchell, Dick Rivers, Alain Barrière, Frank Alamo, Christophe, Hugues Auffray, Hervé Villard, Christine Lebail, Georges Chelon, Les Haricots Rouges, Daniel Gérard, Valida, Richard Anthony, Françoise Hardy, Charles Aznavour, Sacha Distel, Claude François, Sheila, Sylvie Vartan, Eileen, Monty, Claude Ciari, Antoine, Michèle Torr, Lucky Blondo, Guy Mardel, José Salcy, Jean-Claude Annaux, Long Chris, Charlie Barnet, Buddy Rich, Stan Kenton, Sun Ra, Michel Petrucciani, Glenn Miller, Jimmy Heath, trio Daniel Humair, Guy Pedersen, Martial Solal et Mireille Mathieu.

La mélodie de la revolte et du bonheur

  • Renaud – Mon beauf (1981). Dans cette chanson, le chanteur évoque un « beauf à la Cabu », faisant référence au célèbre personnage de français (très) moyen créé par le dessinateur.
  • Big Head Blues Club – Kind Hearted Woman
  • Duke Ellington – Mood Indigo (1930)
  • L’album Tijuana Moods de Charles Mingus est évoqué.
  • Charlie Parker – Lover Man (1946)
  • Autres chanteurs(ses) et musicien(ne)s évoqués dans ce chapitre : Mel Tormé, Roy Eldridge, Dizzy Gillespie, Fats Domino, Big Joe Turner, Louis Armstrong, Artie Shaw, Robert Johnson, Freddie Hubbard, Juan Tizol, Nina Simone, Miles Davis, Chet Baker, Jonah « Sweets » Edison, Harold « Money » Johnson, Cootie Williams, Irving Stokes, Al Grey, John Coltrane, Lester Young, Zoot Sims, Jimmy Forest, Eric Dixon, Billy Eckstine, Bud Powell, Max Roach, Stan Getz, Harry Carney, Illinois Jacquet, Johnny Hodges, Sal Nistico, Gerry Milligan, Arnett Cobb, Duffy Jackson, Patricia Lebeugle, Anita O’Day, Art Blakey, Elvin Jones, Gene Krupa, Daniel Humair, Panama Francis, Frankie Dunlop, Christian Vander, Magma, Tiny Grimes, Larry Coryell, Billy Mackel, Ray Charles, Bud Powell, Oscar Peterson, Milt Buckner, Jimmy Smith, Eubie Blake, Teddy Wilson, Dave Brubeck, Nat Pierce et Erroll Garner.

Le jazz, spectacle vivant

  • Ricet Barrier – La Servante du château (BO du film Tire-au-flanc 62, 1960). Cabu joue un rôle dans ce film réalisé par Claude de Givray qui n’est pas resté dans les annales du cinéma.
  • Fats Waller – Ain’t Misbehaving‘ (BO du film Stormy Weather, 1943)
  • Cab Calloway – Jumping’ Jive (BO du film Stormy Weather)
  • Duke Ellington – Pie Eye »s Blues (BO du film Autopsie d’un meurtre, 1959)
  • Le court métrage musical Jammin’ the Blues (1944) est évoqué, il réunit Lester Young, Red Callender, Jo Jones et Barney Kessel.
  • Fats Domino – Blueberry Hill (1956) et The Fat Man (1949)
  • Autres chanteurs(ses) et musicien(ne)s évoqués dans ce chapitre : Petit Bobo, Léo Ferré, Don Ellis, Pharoah Sanders, Mahalia Jackson, The Happy Cookies Ltd, Don Rendell Ian Carr Quartet, Big Joe Turner, Freddie Green, Gerry Mulligan, Doc Cheatam, Benny Goodman, Slim Gaillard, Elvin Jones, les Jazz Messengers, Duke Orchestra, Michele Hendricks, Jon Hendricks, Christian Bonnet, Roy Hargrove, Buddy Tate, Steve Coleman, Carla Bley, Frank Sinatra, Cootie Williams, Ray Nance, Cat Anderson, Harry Carney et Sam Woodyard.

Et le jazz devint classique

  • Mel Tormé – Route 66 et The Christmas song (Chestnuts Roasting on an Open Fire) (1944)
  • Autres chanteurs(ses) et musicien(ne)s évoqués dans ce chapitre : Johnny Hodges, Thelonious Monk, Nice Teddy Wilson, Erroll Garner, Jimmy Gourley, Eddy Louis, Kenny Clarke, Phil Woods, Dany Doriz, Michel Pastre, Duffy Jackson, Chubby Jackson,Milt Buckner, Moustache, Brad Mehldau, Joshua Redman, Lisa Ekdahl, John Gilmore, Malene Mortensen, Mélodie Gardot, Ravi Shankar, Norah Jones, Madeleine Peroux, Mahalia Jackson, Enrico Rava, Philly Joe Jones, Tony Williams, Chick Coréa, Chuck Berry, The Rolling Stones, Sonny Rollins, Hiromi, Legnini, Ahmad Jamal, Anouar Brahem, Rabih Abou-Khalil, Keith Jarrett, Herbie Hancock, Jack DeJohnette, Gary Peacock, Wynton Marsalis, Olivier Temime, Mozart, François Desbrosses, Dee Dee Abella, Philippe Carment, Jean-Pierre Rougeron, Laurent Verdeaux, Nicolle Rochelle, Joséphine Baker, Gérard Badini, Robert Ménière, Laurence Allison, Louis Gazetier, François Bienséant, Alain Marquet, Michel Pastre, Nicolas Montier, Sanseverino, Daniel Huck, Gilles Chevaucheriez, Gérard Siffert, Christophe Davot, Didier Desbois, Didier Lockwood, Eric Séva, Annie Ross, Dave Lambert, Michel Legrand et Wayne Shooter.

Mon jazz aujourd’hui

  • « Sugar Chile » Robinson – Tuxedo Junction (1947), I’ll eat my spinach (1951) et After school blues (1949)
  • Earl Warren – I Struck a Match in the Dark (1941)
  • Juan Tizol – Caravan (1936)
  • Frank Sinatra – My Way (1969)
  • L’opéra de George Gershwin Porgy and Bess dans laquelle Cab Calloway a joué est évoqué.
  • The Beatles – Strawberry Fields Forever (Magical Mystery Tour, 1967)
  • Count Basie – 9:20 Special (1942)
  • Duke Ellington – Warm Valley (1940)
  • Louis Armstrong – Struttin’ With Some Barbecue (1928)
  • Count Basie – Corner Pocket (1957)
  • Wild Bill Davison – Kaiser Wilhelm III Blues (1958)
  • Ben Webster – Straight No Chaser (1969)
  • Muddy Waters – When The Eagle Flies (1970)
  • L’album Saltimbanque de Maxime Leforestier, illustré par Cabu, est évoqué parmi d’autres pochettes réalisées par le dessinateur.
  • Autres chanteurs(ses) et musicien(ne)s évoqués dans ce chapitre : Gene Krupa, Nikky Yanofsky, Harry Connick Jr., Biréli Lagrène, Eddie South, Don Redman, Sidney Bechet, Mary Lou Williams, Wagner, Earl Wines, Bessie Smith, Joe Venuti, Freddie Jenkins, Buddy Bolden, William Thornton Blues, Bud Powell, Benny Goodman, Wynonie Harris, Quincy Jones, James Reese Europe, Clarence « Pinetop » Smith, Eddie Jefferson, Wardell Gray, Sonny Stitt, Walter Barnes, Blind Lemon Jefferson, Chu Berry, Jaco Pastorius, Marcel Dadi, Ben Webster, Eddie Vinson, Benny Goodman, Billy Strayhorn, Gladys Bentley, Billy Tipton, Patricia Barber, Fred Hersch, Gary Burton, Charlie Christian, Barney Kessel, T-Bone Walker, Modern Jazz Quartet, Jimmie Lunceford, Patoon & The Black Label Swingtet, Jimmy Rushing, Gil Evans, Dinah Washington, Carmen Mc Rae, Sarah Vaughan, Cannonball Adderley, Dexter Gordon, Wardell Gray, Coleman Hawkins, Sidney Bechet, Hank Jones, Billy Strayhorn, Slim et Slam, Nat King Cole, Errol Garner, Gérard Badini, Jean-Michel Rubin, Elizabeth et Roland, Marzenie et Tachan.

Cabu Swing : Souvenirs & carnets d’un fou de jazz est paru en octobre 2013 aux éditions Les Echappées – Charlie Hebdo.

Marco

Rédacteur

Chroniqueur pour Shut Up and Play The Books ! et Citazine (cinéma), je peux également faire des sites Internet sur Wordpress et du community management. Intérêts : Orson Welles, médias, cinéma, #moviequotes, loutres et plus si affinités.
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