Interview de Fabien Pesty
Bonjour Fabien, pour ceux qui ne te connaissent pas encore, pourrais-tu te présenter ?
Fabien Pesty, 38 ans, deux enfants, en couple, informaticien, habitant l’Isère, balance ascendant pèse-personne, carnet de vaccination à jour.
Tu as écrit deux recueils de nouvelles, pourquoi ce format ?
Parce que c’est celui qui me convient le mieux. Quand j’ai commencé à écrire de courts textes pour mon blog en 2009, je suis naturellement passé à la nouvelle. Je connaissais assez peu ce genre car il n’est pas vraiment reconnu en France, trop souvent jugé comme un sous-genre. Ensuite j’ai fait des concours de nouvelles et j’ai gagné le deuxième que j’ai tenté. Ça m’a conforté dans ce genre et amené à rencontrer des gens qui m’ont poussé à faire un recueil. Car contrairement à ce que l’on pourrait penser, un recueil de nouvelles n’est pas seulement la compilation de plusieurs textes courts : il faut qu’il y ait une unité tout en veillant à ne pas être uniforme, et le résultat doit être cohérent et former un livre, plutôt que la fusion de quinze fichiers Word. J’te jure, c’est balèze !
Peut-on espérer un roman un jour ?
Mon rêve serait que l’on demande un jour à un auteur de romans si l’on peut espérer un jour un recueil de nouvelles… Si j’écris un jour un roman, ce sera par volonté de tenter une nouvelle expérience, ce ne sera pas pour moi un aboutissement. Mais oui, on peut espérer qu’un jour je tente l’expérience…
Tu as désormais une trentaine de nouvelles publiées à ton actif, quelques unes récompensées par des prix. Quelle est celle que tu préfères et que tu aimerais voir toucher le plus tes lecteurs ? Pourquoi ?
C’est très difficile d’en choisir une seule car elles ont toutes une histoire personnelle. Alors disons que celle qui a été la plus importante dans mon parcours est Les valises car c’est la première qui a gagné un concours. C’est par elle que tout a commencé, c’est donc celle qui ouvre mon premier recueil.
Dans La cour des innocents et plus encore dans La hauteur de l’horizon, on trouve des textes avec des animaux personnifiés qui rappellent Les fables de La Fontaine. Certaines de tes nouvelles contiennent même des clins d’œil directs (le corbeau et le renard revient souvent par exemple), pourquoi ce choix ?
La fable est une façon simple (et donc pratique pour celui qui l’écrit) d’amener vers une « morale » avec une économie de personnages, de situations, de décors. Un corbeau est perché sur un arbre, dans son bec il tient un fromage, un renard vient lui raconter qu’il a de jolies plumes et probablement une belle voix, et ça ne choque personne : on accepte ces données, on n’a pas besoin de savoir comment le corbeau est arrivé là, ce qui s’est passé dans son enfance pour qu’il finisse perché sur un arbre avec un fromage dans le bec, on se moque de connaître les raisons qui poussent le renard à vouloir rouler le corbeau, etc. Et on termine sur une jolie morale qui parle à tout le monde. On a rarement fait plus efficace que la fable pour aborder les grands sujets (racisme, bêtise, vices, etc) avec humour mais profondeur (ou l’inverse).
Si Le corbeau et le renard revient souvent, c’est probablement parce que c’est la plus connue, celle qu’on a tous apprise à l’école.
Quelle est ta fable préférée de La Fontaine ? Pourquoi ?
Je vais sûrement être d’une prévisibilité décevante, mais c’est Le corbeau et le renard, pour les raisons données ci-dessus : c’est une des plus parlantes.
Si tu devais être un animal lequel serais-tu ?
M’étant habitué à ma condition d’être humain, je pense que je choisirais l’animal qui s’en éloigne le moins, c’est-à-dire le morpion. Ou à la limite, le singe.
Dans La hauteur de l’horizon tu revisites aussi des contes, d’où te vient cette idée ?
La hauteur de l’horizon est un recueil d’histoires plus que de nouvelles : histoires que l’on raconte, que l’on se raconte, souvenirs déformés, anecdotes romancées, faits divers rapportés, etc. Et les premières histoires que l’on entend, ce sont les contes (c’est pourquoi Sophie et moi avons dédicacé le livre à nos mamans, qui nous ont appris à aimer les histoires). Un peu comme pour les fables, les contes sont assez « parlants », les bases sont connues et permettent de ne pas s’enquiquiner à poser les personnages : la princesse doit épouser un prince charmant, le prince charmant doit péter la gueule au dragon, le dragon doit boulotter les enfants, les enfants doivent être malheureux et recueillis par des ours ou des nains ou des pervers. Et comme pour les fables, j’aime revisiter les contes de façon décalée, comme savent si bien le faire Gotlib ou Eric Thomas (un comique tombé dans l’oubli).
Dans ce nouveau recueil chaque nouvelle est accompagnée d’un dessin de Sophie Peigné. Pourquoi avoir voulu associer des illustrations à tes textes ?
Pour deux raisons principales :
- J’adore les illustrations de Sophie. C’est la personne qui connaît le mieux mon écriture et elle arrive toujours à apporter un éclairage différent sur mes textes. Ses illustrations font plus qu’accompagner les textes : elles les relèvent, comme le sel dans les nouilles.
- On trouvait que c’était cohérent avec le concept du livre, avec les textes du livre. Les histoires sont pleines d’images, elles sont très visuelles. Elles appellent à être illustrées.
La musique est présente dans un certain nombre de tes textes. Donc parlons musique : un chanteur / groupe incontournable pour toi ?
Si tu étais une chanson, laquelle serais-tu ? Pourquoi ?
Probablement une chanson de Rage Against The Machine, pour l’impression de blast qu’elle procure. Ou une chanson de Brel, pour l’impression de blast qu’elle procure (et un peu pour les paroles).
Quelles sont les 5 chansons qui tournent dans ton lecteur en ce moment ?
D’après Spotify, les cinq dernières chansons que j’ai écoutées sont :
- Greyhound racing de Concrete Knives
- Counting backwards leads to explosions de Zea
- Broken Homes de Tricky feat. PJ Harvey
- Lightsabre cocksucking blues de Mclusky
- Blood like wine de Balthazar
Es-tu sur un nouveau projet ? Si oui, peux-tu nous en dire quelques mots ?
Je suis sur des projets de projets. Le principe consiste à avoir plein d’idées pour faire des tas de choses différentes, à se disperser dans toutes les directions et à n’en faire aboutir aucune.
Que peut-on te souhaiter ?
La santé et le bonheur pour les gens que j’aime.
(non, je déconne : du fric)
Delphine
Créatrice du site // Rédactrice
Créatrice, rédactrice et CM du site. Passionnée de musique, fan de LCD Soundsystem (mais pas que). J'aime la lecture, le ciné, les expo, le street art et les voyages !