La ballade de l’impossible – Haruki Murakami

Le livre :

La ballade de l’impossible, 5ème roman d’Haruki Murakami, est sorti au Japon en 1987. Il traite, dans un récit en partie autobiographique, de l’adolescence confrontée à la perte de l’être aimé.
Le roman débute lorsque Watanabe, le narrateur entend la chanson des Beatles Norwegian Wood, lors d’un voyage en avion. Le morceau déclenche chez lui le souvenir d’un amour de jeunesse vieux de dix-huit ans. Alors qu’il était lycéen, son meilleur ami, Kizuki, s’est donné la mort sans expliquer son geste. Un suicide qui l’a fortement touché ainsi que Naoko, la petite amie de Kizuki. Un an après ce décès, le narrateur retrouve par hasard Naoko, angoissée et déprimée, qui n’a toujours pas fait le deuil de son amour perdu. Watanabe et Naoko tombent amoureux mais sur leur relation plane l’ombre de Kizuki, parti sans raison.

Avis :

Ce roman au parfum nostalgique a fait connaître Haruki Murakami au reste du monde. L’auteur y évoque le suicide et le deuil avec subtilité, une histoire d’amour impossible entre deux êtres solitaires malgré la passion qui les unit. Le dernier morceau cité dans le roman est le sublime Eleanor Rigby des Beatles qui pose la question « All the lonely people where do they all belong ? » Un choix qui n’est certainement pas anodin, comme une question pudiquement laissée en suspens par l’auteur : quelle vie pour tous ces solitaires qui ne trouvent pas leur place ici-bas ?

La ballade de l’impossible a été adapté au cinéma en 2010 par le réalisateur français d’origine vietnamienne Tran Anh Hung. Si cette adaptation pour le grand écran, nécessairement difficile, s’en sort avec les honneurs, le choix de faire disparaitre certains éléments du livre sont surprenants. Ainsi le passé de Reiko, une femme qui vit dans le même institut de repos que Naoko, est totalement absent du film. Des oublis ou simplifications qui font perdre à ce long métrage l’atmosphère générale qui se dégage du livre.

Musique :

La musique est omniprésente dans La ballade de l’impossible dont le titre d’origine est Noruwei no mori, pour rappeler Norwegian Wood, la chanson des Beatles. Le groupe est de loin le plus présent avec environ un tiers des chansons citées.

Personne n’a compris la raison pour laquelle elle s’est suicidée. […] Tout le monde a dit que c’était parce qu’elle était trop intelligente ou qu’elle avait lu trop de livres. C’est vrai qu’elle lisait beaucoup.

La playlist ci-dessous nous plonge dans la pop de la fin des années 60. Lorsqu’un titre est évoqué sans qu’un interprète soit précisé c’est la première version connue du titre, en cohérence avec l’époque où se déroule l’action, qui a été choisie.

Les titres des Beatles, nombreux dans le livre, n’étant pas disponibles sur Deezer et Spotify, la playlist, qui aurait été très incomplète, n’a pas été faite sur ces deux plateformes.

Playlist :
(références musicales par ordre d’apparition dans le livre)

  • The Beatles – Norwegian Wood (This Bird Has Flown) (Rubber Soul, 1965). Ce morceau, qui donne son nom original au roman, revient comme un leitmotiv, on l’entend pour la première fois dès les premières lignes du roman à travers les hauts-parleurs d’un avion.
  • Un « air de Billy Joel » est joué à la suite du titre des Beatles.
  • Kimi ga yo. Cet hymne national du Japon (devenu officiel depuis 1999) est joué lors de la cérémonie du lever du drapeau chaque matin à l’université où étudie Watanabe.
  • Henry Mancini – Dear Heart (A Shot in the Dark, 1964). Watanabe travaille dans un magasin de disques et achète cet albumpour Naoko à Noël.
  • Johannes Brahms – Symphonie n° 4 en mi mineur, op. 98. Cette œuvre, dernière symphonie de Brahms (1833-1897), a été composée en 1884-1885.
  • Les albums Sergent Pepper’s Lonely Hearts Club Band des Beatles (1967) et Waltz for Debby (1961) du Bill Evans Trio sont cités. Ce dernier groupe sera de nouveau cité plus loin dans le roman.
  • Jim Morrison et Miles Davis sont évoqués.
  • L’actrice et chanteuse japonaise Ayumi Ishida est évoquée.
  • The Brothers Four Seven Daffodils (Sing Of Our Times, 1964). Midori fredonne ce titre de ce groupe folk américain.
  • Midori (une turbulente jeune femme pleine de vie dont Watanabe fait la rencontre) chante les titres suivants du groupe de folk américain Peter, Paul and Mary en s’accompagnant à la guitare :
    • Lemon Tree (Moving, 1963)
    • Puff, the Magic Dragon, 500 Miles et Where Have all the Flowers Gone? (Peter, Paul and Mary, 1962). Le titre 500 Miles a été interprété en français par Richard Anthony avec le titre Et j’entends siffler le train en 1962.
    • Michael Row The Boat Ashore (Michaël est de retour). Cette chanson traditionnelle a été interprétée par de très nombreux artistes, dont Rika Zaraï dans sa version française.
  • Le compositeur Leonard Bernstein (1918-1990), Marvin Gaye (1939-1984) et les Bee Gees sont évoqués.
  • Les symphonies de Gustav Mahler (1860-1911) et les Beatles sont évoqués.
  • Reiko joue les titres suivants à la guitare :
    • une fugue puis « une autre courte pièce (…) extrait d’une suite » de Johann Sebastian Bach (1685-1750).
    • The Beatles – Michelle, Nowhere Man (Rubber Soul, 1965) et Julia (The Beatles, white album, 1968)
  • Reiko enseigne à des enfants les sonatines de Ferdinand Beyer (1803-1863). Elle joue « des petites pièces de Bach, Mozart ou Scarlatti ». Domenico Scarlatti (1685-1757) est un compositeur baroque italien.
  • Un élève de Reiko joue « une invention de Bach ».
  • Reiko siffle l’air de Proud Mary. Ce titre du groupe rock américain Creedence Clearwater Revival, également connu sous le nom Rolling on a River, a été repris en 1971 par Ike & Tina Turner.
  • Blood, Sweat and Tears – Spinning Wheel (Blood, Sweat and Tears, 1969). Le titre a été repris notamment par Shirley Bassey sur son album Something en 1970.
  • Cream – White Room (Wheels of Fire, 1968)
  • Simon and Garfunkel – Scarborough Fair (Parsley, Sage, Rosemary and Thyme, 1966)
  • Le film musical La Mélodie du bonheur (1965) est évoqué.
  • The Beatles – Here Comes the Sun (Abbey Road, 1969)
  • Johannes Brahms – Concerto pour piano et orchestre nº 2 en si bémol majeur, op. 83. Reiko siffle « la partie de violoncelle du début du troisième mouvement » de ce concerto diffusé à la radio et interprété par Wilhelm Backhaus et Karl Böhm.
  • Les musiciens Pat Powell et Thelonious Monk (1917-1982) sont évoqués.
  • Reiko interprète à la guitare les titres de bossa nova Desafinado (1959) et La fille d’Ipanema (1962), « puis quelques morceaux de Bacharach et de Lennon-McCartney ». Il s’agit de Burt Bacharach, dont d’autres titres sont joués plus loin dans le roman.
  • Le chanteur Tony Bennett est évoqué.
  • The Rolling Stones – Jumpin’ Jack Flash (1968)
  • The Doors – People are Strange (Strange Days, 1967). Le début des paroles de cette chanson sont évoquées « People are strange when you are a stranger ».
  • Thelonious Monk – Honeysuckle Rose (The Unique Thelonious Monk, 1956)
  • John Coltrane (1926-1967) est évoqué.
  • Watanabe écoute dans un bar de jazz « des disques d’Ornette Coleman et de Bud Powell« .
  • L’album Kind of Blue (1959) de Miles Davis est évoqué.
  • Sarah Vaughan (1924-1990) chante « une vieille chanson d’amour ».
  • La mort de John Coltrane (en 1969) est évoquée.
  • Drifters – Up on the Roof (1962). Watanabe joue lentement ce titre à la guitare.
  • Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) et Maurice Ravel (1875-1937) sont évoqués.
  • Un « concerto pour piano interprété par Robert Casadesus » est diffusé.
  • João Gilberto – Desafinado (1959). Ce titre a été composé par Antônio Carlos Jobim.
  • Reiko joue à la guitare les titres suivants :
    • The Beatles – Yesterday (Help!, 1965), Something (Abbey Road, 1969), The Fool on the Hill (Magical Mystery Tour, 1967), Penny Lane (Sergent Pepper’s Lonely Hearts Club Band, 1967), Blackbird (The Beatles, white album, 1968), When I’m Sixty-Four (Sergent Pepper’s Lonely Hearts Club Band, 1967), And I love Her (A Hard Day’s Night, 1964) et Hey Jude (1968).
    • une adaptation pour la guitare de la Pavane pour une infante défunte de Maurice Ravel.
    • Claude Debussy – Clair de lune.
    • Les titres suivants ont tous été composés par Burt Bacharach : Close to You (ce titre a notamment été interprété par le groupe The Carpenters), The Raindrops Keep Falling on my Head et Walk on by.
    • Laura Nyro – Wedding Bell Blues (1966).
    • Elle joue ensuite « une dizaine de bossas-novas, suivies de Rogers and Hart, Gershwin, puis Bob Dylan et Ray Charles, Carole King et les Beach Boys, en passant par Stevie Wonder, et de Ue o muite arukô (alias Sukiyaki) et Blue Velvet (une chanson de Tony Bennett) à Green Fields (une chanson du groupe The Brothers Four)… ». Le titre Sukiyaki est également présent dans le Livre 3 de la trilogie 1Q84.
    • The Beatles – Eleanor Rigby (Revolver, 1966)

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La ballade l’impossible est paru en France en janvier 2007 chez Belfond (réédité en avril 2011) puis en avril 2009 chez 10/18.

Marco

Rédacteur

Chroniqueur pour Shut Up and Play The Books ! et Citazine (cinéma), je peux également faire des sites Internet sur Wordpress et du community management. Intérêts : Orson Welles, médias, cinéma, #moviequotes, loutres et plus si affinités.
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