Le livre :
La Contrebasse est une pièce de théâtre écrite en 1981 par Patrick Süskind, auteur des livres Le Parfum – Histoire d’un meurtier (1985), adapté au cinéma en 2006, et Le Pigeon (1987). En France le rôle du contrebassiste névrosé a notamment été interprété par Jacques Villeret dans les années 90, il est joué depuis mi-janvier 2014 au Théâtre de Paris par Clovis Cornillac.
La pièce se déroule dans l’appartement du personnage, un joueur de contrebasse de l’Orchestre national âgé de trente-cinq ans, qui se prépare pour la première représentation de L’or du Rhin. Celui-ci présente dans un premier temps son instrument, son histoire ainsi que son rôle au sein de l’orchestre, puis dévie rapidement sur la place que la contrebasse a pris dans sa vie. Le personnage, que l’on découvre casanier et introverti, passe ainsi de l’amour à la haine, et finit par maudire cette contrebasse encombrante trônant en plein milieu de son salon, qui est plus « un embarras qu’un instrument ».
Partant de réflexions générales sur les œuvres de musique classique, le métier de musicien et le rôle de chacun dans un orchestre, le discours du personnage laisse apparaître, au fur et à mesure, ses frustrations et sa solitude. La responsable de cet isolement ? La contrebasse, cette compagne qui l’accapare et l’empêche d’atteindre les autres et surtout Sarah, une jeune soprano dont il est secrètement amoureux.
Avis :
Avec La Contrebasse, Patrick Süskind dévoile subtilement la névrose de son personnage dans un texte tragi-comique équilibré. On oscille entre une tendre compassion pour ce musicien mal dans sa peau et le malaise provoqué par sa relation avec cette « compagne » l’excluant des autres. Face à ce dilemme on ne sait ce que l’on peut souhaiter au personnage, sa confrontation au réel (et au probable rejet de la femme fantasmée) pouvant le faire basculer dans la folie qui semble le guetter.
Vous savez, une belle voix est intelligente par elle-même, même si la femme est idiote, je trouve ; c’est ce qu’il y a d’affreux, dans la musique.
Musique :
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Playlist :
Les références musicales sont classées en deux parties, les œuvres citées ou jouées puis les artistes (musiciens ou compositeurs). Le personnage diffuse des œuvres pendant la pièce en jouant des disques, ces morceaux sont ceux apparaissant en noir dans la playlist.
Les œuvres citées et diffusées :
- Johannes Brahms (1833 – 1987) – Symphonie nº 2 en ré majeur, op. 73 (1877)
- Franz Schubert (1797 – 1828) – Symphonie n°8 en si mineur, D. 759 (1822). Cette symphonie est de nouveau évoquée vers la fin de la pièce.
- Hector Berlioz (1803 – 1869) – Te Deum, Op. 22 / H118 (1849)
- Richard Wagner (1813 – 1883) – prélude de La Walkyrie (1870)
- Ludwig van Beethoven (1770 – 1827) – Symphonie n° 6 en fa majeur, opus 68, dite Pastorale (1808)
- Giuseppe Verdi (1813 – 1901) – Rigoletto (1851). Le dernier acte de cet opéra est évoqué.
- Richard Wagner – Tristan et Isolde (1865) et Siegfried (1876). Dans cette dernière œuvre Sarah, la chanteuse convoitée par le narrateur chante le rôle du Petit Oiseau de la Forêt.
- Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840 – 1893) – Concerto pour piano n° 1 en si bémol mineur, op. 23 (1874-75)
- Robert Schumann (1810 – 1856) – Symphonie n°4 ré mineur op. 120 (1841)
- Giuseppe Verdi – Don Carlos (1867)
- Richard Wagner – L’Or du Rhin (1869). Le contrebassiste doit se rendre dans la soirée à la « grande première » de cet opéra dans lequel Sarah chante le rôle de Wellgunde.
- La chaconne de Johann Sebastian Bach (1685 – 1750) est citée. Il s’agit de la dernière partie de la deuxième Partita pour violon seul en ré mineur, BWV 1004.
- Un « caprice de Paganini » est évoqué. Le compositeur Niccolò Paganini (1782 – 1840) a composé les Vingt-quatre Caprices pour violon solo entre 1802 et 1817.
- Karl Ditters von Dittersdorf (1739 – 1799) – Concerto pour Contrebasse et Orchestre en Mi majeur (Krebs 172). Le personnage de la pièce met le premier mouvement de ce concerto.
- Wolfgang Amadeus Mozart (1756 – 1791) – Kôchel 334. Ce « petit menuet » est présenté comme « à mourir de rire ! » comme l’œuvre suivante de Saint-Saëns.
- Camille Saint-Saëns (1835 – 1921) – « L’éléphant » pour contrebasse solo et piano N° 5 du Carnaval des animaux (1886)
- Richard Strauss (1864 – 1949) – Salomé (1905). Les « cinq phrases pour contrebasse, quand Salomé regarde dans la citerne : « Comme il fait noir dans ce trou ! Ce doit être affreux de vivre dans un antre aussi sombre. Cela semble un tombeau… » sont évoquées.
- Antonín Dvořák (1841 – 1904) – Quintette pour piano en la majeur, B. 155 (op. 81) (1887). Un quintette de Leoš Janáček est également évoqué.
- Ludwig van Beethoven – Octuor à vents en mi bémol majeur opus 103 (1792)
- Ludwig van Beethoven – Concerto pour piano en mi bémol majeur opus 73 (1808-1809). Les solos de timbale de ce concerto sont évoqués.
- Wolfgang Amadeus Mozart – Don Juan (Don Giovanni, K. 527) (1787). Le dernier acte de cet opéra est évoqué.
- Wolfgang Amadeus Mozart – Les Noces de Figaro (Le nozze di Figaro, K. 492) (1786). L’ouverture de cet opéra est joué.
- Karl Ditters von Dittersdorf – Symphonie concertante pour alto, contrebasse et orchestre en ré majeur, Kr.127 (1768)
- Johannes Matthias Sperger (1750 – 1812) – « deux airs pour soprano et contrebasse » sont évoqués.
- Johann Sebastian Bach (1685 – 1750) – Tritt auf die Glaubensbahn (Step upon the path of faith), BWV 152 (1714). Il s’agit d’une nonette (un ensemble de neuf chanteurs ou instrumentistes).
- Le personnage de la pièce parle de Sarah, « un jour elle chantera Dorabella ou Aida ou la Butterfly » même si « pour l’instant on ne lui donne que de petits rôles : deuxième fille-fleur des Parsifal, dans Aida la chanteuse du temple, la cousine de Madame Butterfly, des choses de ce genre. »
- Wolfgang Amadeus Mozart – Così fan tutte (1790). « L’air de Dorabella… tiré du deuxième acte » est joué.
- Une « répétition d’Ariane à Naxos » est évoquée. Il s’agit d’un opéra de Richard Strauss créé en 1912.
- Le personnage de la pièce annonce « je vous joue n’importe quelle suite de Bottesini ». Giovanni Bottesini (1821 – 1889) est un contrebassiste, compositeur et chef d’orchestre italien.
- Ludwig van Beethoven – Sonate pour piano n° 29 en si bémol majeur, opus 106 dite « Hammerklavier » (1817 – 1819)
- Hans Werner Henze (1926 – 2012). Un « opéra de Henze », compositeur allemand, est évoqué.
- Franz Schubert – quintette La Truite pour piano, violon, alto, violoncelle et contrebasse, en la majeur, premier mouvement (1819). Cette œuvre déjà évoquée dans la pièce est jouée en conclusion alors que le contrebassiste quitte son appartement.
Les autres compositeurs et musiciens cités :
- Joseph Haydn (1732 – 1809), les « fils Bach« , Luigi Cherubini (1760 – 1842), Christoph Willibald Gluck (1714 – 1787), Yehudi Menuhin (1916 – 1999) violoniste et chef d’orchestre d’américain, Domenico Dragonetti (1763 – 1846), Franz Simandl (1840 – 1912) joueur de contrebasse, Serge Koussevitzky (1874 – 1951) chef d’orchestre, Hotl, Jean-Baptiste Vanhal (1739 – 1813), Otto Geier, Franz Anton Hoffmeister (1754 – 1812), Othmar Klose, Felix Mendelssohn (1809 – 1847), Wilhelm Furtwängler (1886 – 1954), Karl Böhm (1894 – 1981) et Herbert von Karajan (1908 – 1989) chefs d’orchestre autrichiens, Carl Maria von Weber (1786 – 1826), Frédéric Chopin (1810 – 1849), Ruggero Leoncavallo (1857 – 1919), Béla Bartók (1881 – 1945), Igor Stravinsky (1882 – 1971).
La pièce La Contrebasse est parue en France en septembre 1992 en Livre de poche.
Marco
Rédacteur
Chroniqueur pour Shut Up and Play The Books ! et Citazine (cinéma), je peux également faire des sites Internet sur Wordpress et du community management. Intérêts : Orson Welles, médias, cinéma, #moviequotes, loutres et plus si affinités.
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