Le roman du mariage – Jeffrey Eugenides

Le livre:

Le roman du mariage est l’histoire de trois étudiants – Madeleine, Léonard et Mitchell – qui se rencontrent à la Brown University (Rhode Island – USA) au début des années 80 et se retrouvent pris dans un triangle amoureux: Mitchell est amoureux de Madeleine qui est amoureuse de Léonard sans être complètement insensible au charme du premier.

Alors que la fac se termine, Madeleine Hanna (Maddy), une jolie et intelligente brune de 22 ans, férue de littérature romantique (le cour qu’elle suivait s’intitulait « Le roman du mariage: œuvres choisies d’Austen, d’Eliot et de James ») choisit de s’installer avec Léonard Bankhead, un jeune homme charismatique mais maniaco-depressif, qui, après un double cursus, s’oriente dans la recherche biologique.
Mitchell Grammaticus, le dernier membre de ce « trio », est un brillant étudiant en théologie. Ami de Maddy, issu du même milieu qu’elle, il s’entend très bien avec la famille Hanna, et ferait, aux yeux de tous, un gendre idéal.

Alors que le couple Léonard-Madeleine est soumis à rudes épreuves, notamment à cause de la maladie de Léonard (apathie due au traitement au lithium, pulsions autodestructrices,…), Mitchell, en plein éveil religieux, part en voyage en Europe, puis en Inde, où il fera du bénévolat dans un foyer pour mourants de Mère Térésa, fuyant Maddy sans jamais réussir à l’oublier.

L’histoire évolue ainsi à travers le regard de chacun des personnages que l’on accompagne lors de leur passage à l’âge adulte, le temps d’une année.

Avis :

Après avoir découvert Virgin Suicides au ciné (version Sofia Coppola donc) et être passée à côté de Middlesex (qui avait quand même raflé un Pulitzer en 2003), je n’ai cette fois pas manqué Le roman du mariage. Il faut dire que la maison d’édition a bien fait son boulot : couverture médiatique de malade sur le retour du bonhomme, critiques dithyrambiques, livre placé partout jusqu’au Monoprix du coin, couverture simplissime (relativement laide et pas tout à fait exacte d’ailleurs, mais bon…) qu’on voit de loin et qu’on retient. Obligée de craquer.

Oui, ben on ne m’y reprendra pas deux fois ! 551 pages c’est long parfois… Très long même.

Le roman met un temps fou à démarrer (si tant est qu’on considère qu’il démarre un jour). Jeffrey Eugenides nous perd dans un tas de références littéraires, de débats philosophiques,… (alors bien sûr c’est voulu, ça « plante le décor », enfin… les personnages. Mais quand même !) L’intrigue en soi a peu d’intérêt. L’auteur traite certes de la complexité relationnelle, amoureuse et identitaire mais ça ne fonctionne pas vraiment, peut être en partie parce qu’on ne s’attache pas du tout aux personnages (pour ne pas dire qu’ils agacent). C’est dommage. Dommage, parce qu’il y a quand même des choses intéressantes dans ce livre.
Le roman du mariage est bien écrit. Eugenides a fait un très beau travail de documentation : La culture des années 80 et ses modes de pensées sont bien retranscrits; les symptômes de la maniaco-dépression sont précis; on voyage avec Mitchell (les différentes villes sont extrêmement bien décrites (les lieux, ambiances,… )),…
Il y a donc des moments captivants où l’on est emportés, mais ce ne sont que des moments, et on retombe bien vite dans notre torpeur…

Je n’ai pas accroché, maintenant chacun ses goûts…

Musique:

C’est dès les citations d’intro, avec des paroles de la chanson Once in a lifetime des Talking Heads, que la musique fait son apparition dans Le roman du mariage.

Aussi, comme je le disais plus haut, le travail de description que fait Jeffrey Eugenides est extrêmement réussi, et la musique, de façon directe ou non, participe à la mise en abyme.
Ainsi, l’auteur nous plonge dans les années 80 où les juke-boxes sont encore présents dans les bars et où les radiocassettes équipent les voitures,…
Ce sont des posters de groupes new wave, punk/rock,… qui sont collés aux portes des chambres des étudiants et qui occupent les halls des immeubles…

La musique choisie est à l’image de cette époque…
Vous étiez étudiants dans les années 80? Rappelez-vous vos compilations faites sur K7, ça ne ressemblait pas un peu à ça?

Playlist également disponible sur Deezer

Playlist :
(par ordre d’apparition dans le livre)

  • Talking Heads – Once in a Lifetime (album Remain in light,1980. Single paru en 1981 et issu du 4ème album du groupe. Brian Eno en est le producteur)
  • Patti Smith est citée sans précision sur le titre (Patti Smith est considérée comme la « marraine du punk »)
  • Soft Cell – Tainted Love (Cette chanson originellement composée par Ed Cobb et interprétée par Gloria Jones en 1965 a été popularisée par le groupe de new wave Soft Cell en 1981. Le titre se trouve sur leur premier album Non-Stop Erotic Cabaret, 1981. La chanson a été reprise de nombreuses fois après).
  • Joe Jackson est cité sans précision sur le titre. Dans le livre on sait juste qu’un de ses morceaux passe à la radio.
  • John Coltrane – album A Love Suprême (cet album-concept est considéré comme un album majeur du jazz. Il a été enregistré en décembre 1964 au studio de Rudy Van Gelder (USA) en une seule séance. Composition en 4 mouvements formant une vaste prière, cet album, produit par Bob Thiele, marque le tournant spirituel de Coltrane)
  • Cole Porter est cité. Les titres diffusés lors d’un Thanksgiving en famille ne sont pas précisés.
  • Une chanson intitulée Til est jouée au piano par le père de Madeleine, mais malgré mes recherches, impossible de savoir de quoi il s’agit.
  • Bobby Darin – Mack the knife (Diffusé par un juke-box, la version choisie par l’auteur n’est pas précisée. J’ai intégré ici la version de Bobby Darin. Mack the Knife est la version anglaise de La complainte de Mackie, chanson écrite par Bertolt Brecht sur une musique de Kurt Weill. Si la version anglaise date de 1933, le titre a été composé pour la comédie musicale Die Dreigroschenoper (L’Opéra de quat’sous en français), dont la première a eu lieu à Berlin en 1928. Cette chanson a été reprise par de nombreux artistes américains dans les années 1950 (dont Louis Armstrong et Bobby Darin, qui en ont fait un standard du jazz). La version de Bobby Darin (1959) connait un énorme succès et lui permet de remporter 2 Grammy Awards: celui de l’enregistrement de l’année et celui du meilleur nouvel artiste. C’est également cette version qui servira de modèle aux reprises suivantes (dont celle de Frank Sinatra en 1984). Ce titre a été repris de nombreuses fois depuis)
  • Marvin Gaye – I Heard It Through The Grapevine (Chanson écrite par Norman Whitfield et Barrett Strong pour la Motown en 1966, elle apparait pour la première fois sur l’album des Miracles, Special Occasion, en 1968. C’est la version de Marvin Gaye, qui popularisera le titre. On la trouve sur l’album éponyme qui sort également en 1968)
  • Deep Purple – Smoke on the Water (album Machine Head, 1972. Pour l’anecdote, le titre de la chanson fait référence à l’incident qui s’est produit dans la nuit du 4 décembre 1971 à Montreux. Ce soir là, lors d’un concert de Frank Zappa et des Mothers of Invention au casino de la ville, un spectateur tire dans le plafond avec un pistolet de détresse provoquant un incendie et la destruction du lieu. La fumée se répand au dessus des eaux du lac Léman. Deep Purple sur place, assiste au spectacle depuis leur hôtel)
  • Talking Heads – Once in a Lifetime ( A nouveau. Cf ci-dessus)
  • Neil Young est cité sans précision de titre (ou plutôt Neil Young repris par un troubadour)
  • Arvo Pärt est cité sans précision de titre
  • Pure Prairie League est cité sans précision de titre. Cassette du groupe écoutée en voiture
  • Led Zeppelin est cité sans précision de titre, on sait juste qu’il s’agit d’un album « Greatest Hits »
  • Lucifer’s Friend & Pentagram (pas de précision de titre)
  • Nazareth, Black Sabbath, Judas Priest, Motordeath (pas de précision de titres. Vus en concerts)
  • Steely Dan, Big Star (pas de précision de titres. Ecoutés en voiture)
  • Violent Femmes (pas de précision de titre)
  • Joan Armatrading (pas de précision de titre. Ecouté en voiture)
  • Cab Calloway – Hi-Di-Ho-Man (1947)
  • George Harrison (pas de précision de titre)
  • Prince – Purple Rain (BOF du film éponyme réalisé par Albert Magnoli en 1984. La BO du film a été intégralement composée par Prince. Il y apparait aux côtés de son groupe, The Revolution. Il remportera avec cet album 2 Grammy Awards et l’Oscar de la meilleure musique de film en 1985)

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Delphine

Créatrice du site // Rédactrice

Créatrice, rédactrice et CM du site. Passionnée de musique, fan de LCD Soundsystem (mais pas que). J'aime la lecture, le ciné, les expo, le street art et les voyages !

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