Le livre :

David Foenkinos - LennonDans Lennon, David Foenkinos imagine les longs monologues de l’artiste chez un psy, de septembre 1975 à la veille de son assassinat, en décembre 1980. Le célèbre ex-Beatle, installé à New-York, est alors en pleine retraite médiatique et créative.
Ces séances de psychanalyse lui offrent l’occasion de revenir sur sa vie personnelle et artistique : son enfance très difficile et l’abandon parental dont il a été victime, ainsi que la formation – à 16 ans seulement – d’un petit groupe nommé les Beatles et l’inimaginable succès mondial de ces « quatre garçons dans le vent ». Lors de ses rendez-vous, John Lennon raconte l’hystérie, parfois effrayante, qui a accompagné le groupe, ses nombreux excès puis la recherche de tranquillité et d’une certaine paix intérieure. Sa passion – souvent incomprise – pour Yoko Ono est évidemment omniprésente au fil des séances, une relation paradoxale qui l’isole parfois du reste du monde mais dans laquelle il puise une force inépuisable.
À la fin de ces séances, John Lennon devait sortir de son isolement artistique avec un album marquant son retour sur la scène musicale. Le 8 décembre 1980, un déséquilibré du nom de Mark Chapman en décida autrement et brisa la promesse portée par le nouveau morceau de chanteur (Just Like) Starting Over.

Avis :

Imaginer ce qui pouvait se passer dans la tête de John Lennon est un défi risqué, David Foenkinos en a bien conscience car il précise à la fin de ce roman d’introspection qu’il livre là une version toute subjective – sa vision – du célèbre Beatle. Si ces monologues nous en disent peut-être au final autant sur l’auteur que sur l’artiste il s’en dégage une honnêteté touchante portée par une volonté de s’approcher au plus près de l’homme derrière la légende.

Lennon propose un portrait vivant de la superstar, sans rien cacher de ses excès, doutes et contradictions. La personnalité qui s’y dévoile est plus complexe que l’image de l’artiste apaisé qui lui colle à la peau, liée à son titre Imagine, invitation universelle à un monde meilleur. Abandonné par ses parents, le jeune John a eu une enfance chaotique qui a nourri en lui une rage intérieure qui s’est parfois manifestée de façon très virulente. Une violence latente qui le pousse d’ailleurs à ironiser sur l’opposition – créée de toutes pièces par les médias et les producteurs – entre les « gentils » Beatles et les « méchants » Rolling Stones et le supposé conflit entre les deux groupes alors qu’ils ont parfois composé ensemble.

La guitare c’est bien joli, John, mais ce n’est pas avec ça que tu gagneras ta vie.

Mary Smith surnommée Mimi, la tante de John Lennon

Les Beatles sont évidemment très présents tout au long des échanges. Une occasion de vivre, de l’intérieur, l’hystérie qui les entourait racontée par l’un des membres du groupe. Une folie qui a poussé la formation à prendre la décision de ne plus se produire en concert et de réaliser uniquement des enregistrements studio. Précis dans les faits, David Foenkinos réattribue à Paul McCartney ou John Lennon la paternité des chansons des Beatles qui étaient toutes systématiquement signées pas les deux auteurs. Omniprésente à partir du moment où il la rencontre, Yoko Ono est évidemment un personnage primordial dans ces séances, elle est à la fois l’objet de la passion amoureuse de John et la cible de la violence d’un monde qui la rejette. Accusée d’être la cause de la séparation des Beatles et de bien d’autres maux, l’artiste japonaise expérimentale a cristallisé la haine de nombreuses personnes autant dans l’entourage de John Lennon que chez ses fans. Un rejet que l’optimiste chanteur de Give Peace a Chance a dans ce roman bien du mal à comprendre.

Son enfance, son génie, le succès et la folie de sa célébrité, Lennon de David Foenkinos imagine un artiste qui se confie pour tout dire de son existence hors du commun et on se laisse aisément prendre au jeu. Ce roman donne une vision – évidemment partielle et subjective – de l’immense artiste mais elle sonne plutôt juste.

Musique :

La majorité des titres des Beatles n’étant pas encore disponibles sur les plateformes Spotify et Deezer la playlist a été faite uniquement sur Youtube.

Playlist :
Les références musicales sont classées selon l’ordre des chapitres du livre.
Pour plus de lisibilité, les albums et artistes cités sans morceaux précis sont résumés à la fin de la liste.

  • The Beatles – When I’m Sixty-Four (Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, 1967)
  • John Lennon and The Plastic Ono Band – Give Peace a Chance (1969)
  • The Beatles – Love me do (Please Please Me, 1963), I am the Walrus (Magical Mystery Tour, 1967), Lucy in the Sky with Diamonds (Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, 1967), In my life (Rubber Soul, 1965) et I Want to Hold Your Hand (1963)
  • Eddie Cochran – Twenty Flight Rock (1956)
  • Gene Vincent – Be-Bop-A-Lula (1956)
  • The Beatles – Eleanor Rigby (Revolver, 1966), A day in the life (Sgt. Pepper Lonely Hearts Club Band, 1967), Strawberry Fields Forever et Penny Lane (Magical Mystery Tour, 1967), With a Little Help from my Friends (Sgt. Pepper Lonely Hearts Club Band, 1967), All you Need Is Love (1967), Hello Goodbye (Magical Mystery Tour, 1967), Yer Blues, Dear Prudence, While My Guitar Gently Weeps et Revolution 9 (The White Album, 1968), Hey Jude (1968), The Ballad of John and Yoko (1969), Helter Skelter (The White Album, 1968) et The End (Abbey Road, 1969)
  • John Lennon – How do you sleep? (Imagine, 1971)
  • John Lennon and The Plastic Ono Band – Cold Turkey (1969) et Mother (John Lennon/Plastic Ono Band, 1970)
  • The Beatles – Yesterday (Help!, 1965)
  • John Lennon – Whatever Gets You Thru The Night (Walls and Bridges, 1974), Mind Games (Mind Games, 1973), I Saw Her Standing There with Elton John (Live at Madison Square Garden, 1974) et (Just Like) Starting Over (Double Fantasy, 1980)
  • Autres albums évoqués dans le livre, par ordre d’apparition : Their Satanic Majesties Request (1967) des Rolling Stones, Pet sounds (1966) des Beach Boys, Unfinished Music N°1 : Two Virgins (1968) de John Lennon et Yoko Ono, Let it be (1970) des Beatles, Let it bleed (1969) des Rolling Stones, We’re Only in It for the Money (1968) de Frank Zappa and The Mothers of Invention (1968) et Venus and Mars (1975) des Wings.
  • Les autres artistes cités dans le livre, par ordre d’apparition : Sean Lennon, Mozart, Mick Jagger, Brian Jones, Janis Joplin, Jimi Hendrix, Jim Morrison, Elvis Presley, The Quarry Men (nom du premier groupe monté par John Lennon), Johnny Gentle, Ray Charles, Beethoven, The Supremes, Bob Dylan, Joe Cocker, James Taylor, The Wings, Frank Sinatra, John Cage, Keith Moon, Harry Nilsson et David Bowie.

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Lennon est paru en octobre 2010 aux éditions Plon et en mars 2012 aux éditions J’ai Lu.

Marco

Marco

Rédacteur

Chroniqueur pour Shut Up and Play The Books ! et Citazine (cinéma), je peux également faire des sites Internet sur Wordpress et du community management. Intérêts : Orson Welles, médias, cinéma, #moviequotes, loutres et plus si affinités.
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