Musique rapide et lente – Cyrille Martinez

Le livre :

Que faire quand on a 15 ans dans un « quartier rouge » à la périphérie d’une grande ville, qu’on s’ennuie, et qu’on refuse aussi bien la carrière d’apprenti proxénète que celle de coiffeur ? Wladimir, dit Wally, monte un groupe avec quatre autres jeunes chevelus et désœuvrés. Ainsi naissent Les Étrangers, et avec eux, la mode de la musique rapide et lente.
À travers le parcours de ces apôtres du mauvais goût capillaire, vestimentaire et peut-être même musical, entêtés et rebelles, Cyrille Martinez poursuit son exploration des rapports ambigus qu’entretiennent la société et les milieux de l’art.
Sous forme de courts tableaux souvent hilarants, toujours incisifs, mêlant fausse naïveté et art de la pointe, l’auteur dresse le portrait d’une époque imaginaire, qui ressemble aux années 1960 mais qui partage de nombreux traits avec la nôtre.
En conduisant ses tout jeunes personnages de l’anonymat au succès, puis de la presque gloire à l’oubli, Musique rapide et lente conjugue satire politique et sociale, ballade urbaine et ode à l’esprit intemporel du rock.

Avis :

Musique rapide et lente comprend un certain nombre de formules et d’idées – notamment capillaires – bien trouvées, qui font parfois sourire. Dans ce livre, Cyrille Martinez expérimente. Il s’approprie sans prévenir des discours sociaux, artistiques et politiques connus et les détourne pour les faire sortir de leur contexte. L’auteur reste vague sur un certain nombre de points (époque, situation géographique…) distillant des indices de façon sporadique, il jongle avec les pronoms et change de style et de contexte spatio-temporel, risquant parfois de perdre le lecteur. Sous couvert d’humour et avec beaucoup d’ironie, Cyrille Martinez s’emploie à critiquer l’évolution de la société en y portant un regard pessimiste mais intéressant. Il se moque aussi de la production artistique en jouant avec de nombreux clichés. Musique rapide et lente est un livre un peu inégal mais pas désagréable pour autant.

Maintenant que les téléphones sonnent comme le chant des oiseaux, un jour viendra où les oiseaux chanteront comme des sonneries de téléphone imitant les oiseaux

Musique :

Malgré son titre, il y a peu de musique dans ce livre, en effet, beaucoup des morceaux et groupes cités sont fictifs. À travers les situations décrites on peut cependant rapprocher Les Étrangers, Les Boucles d’Or et Les Voyageurs de certains groupes des années 60 : il est en effet impossible de ne pas y voir une allusion au combat Beatles versus Rolling Stones.
Si, à part deux chansonnettes liées au foot, aucun morceau n’est réellement évoqué, on peut penser que l’auteur fait référence à un certain nombre de titre connus. Ce sont ces titres qui ont été intégrés à la playlist.

Retrouvez également cette playlist sur     et 

  • On pense au morceau de The Who – My generation à travers le « j’espère mourir avant d’être vieux » que l’auteur reprend.
  • Le (I Can’t Get No) Satisfaction des Rolling Stones est parodié.
  • Iggy Pop & the Stooges – I Wanna Be Your Dog. Une version francisée des paroles est intégrée dans un dialogue, sans avertissement.
  • Le 3’33 produit par Les Étrangers est certainement un clin d’œil au 4’33 de John Cage, et le Désociabilisé à Antisocial de Trust.

Il est probable que d’autres titres se soient glissés dans le texte, si vous les avez découverts n’hésitez pas à vous manifester pour compléter la playlist.
Dans ses remerciements, Cyrille Martinez précise qu’à l’origine de ce livre se trouve l’écoute intensive de CQ du groupe hollandais The Outsiders. Cet album, sorti en 1968, a été réédité en 2010.

 
Musique rapide et lente est sorti en mars 2014 aux Éditions Buchet/Chastel

Delphine

Créatrice du site // Rédactrice

Créatrice, rédactrice et CM du site. Passionnée de musique, fan de LCD Soundsystem (mais pas que). J'aime la lecture, le ciné, les expo, le street art et les voyages !

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