Pourquoi Sinatra – Pete Hamill
Le livre :
Au fil des pages, Pete Hamill déroule le destin exceptionnel de ce fils d’immigrés italiens né dans le New Jersey et devenu la voix de l’Amérique, un chanteur au parcours parfois chaotique mais au talent indéniable et à la réussite planétaire. Le journaliste s’attache à expliquer pourquoi, malgré le temps qui passe, le crooner reste un mythe incontournable.
Avis :
Pourquoi Sinatra n’est pas une biographie comme les autres, en cause, le lien qui unissait l’auteur à l’interprète de My Way. L’idée de consacrer un livre à Sinatra a surgi lorsque Pete Hamill a découvert la façon dont les médias traitaient la mort du chanteur en mai 1998 ; tous, ou presque, insistaient sur le côté sombre du personnage en revenant sur la polémique de ses liens supposés avec la mafia ou encore sa relation tumultueuse – le mot est faible – avec l’actrice Ava Gardner. Selon le journaliste, ces nécrologies orientées, diffusant en boucle les mêmes images, n’ont pas été au niveau du mythe Sinatra. Dans son essai, Pete Hamill évoque évidemment la mafia et la relation compliquée avec la belle Ava mais nous rappelle que l’essentiel est ailleurs : dans la voix du chanteur de charme et ses chansons connues dans le monde entier.
Le livre est également très intéressant pour le parallèle que le journaliste établit entre le parcours de l’artiste et l’Histoire de l’Amérique. L’occasion de revenir sur les vagues successives d’immigration qui ont fait les Etats-Unis et le racisme primaire qui les a accompagnées. Avant la gloire, celui que l’on surnommait « Ol’Blue Eyes » a connu la méfiance et le rejet en raison de ses origines italiennes. Prohibition, Dépression, Seconde guerre mondiale… l’ascension de l’artiste – à travers une voie parfois chaotique – vers le statut de star internationale est racontée sans jamais perdre de vue le contexte historique, mêlant le destin de Sinatra à l’histoire de son pays.
Pourquoi Sinatra assume son statut de biographie écrite par un admirateur, à la fois intime et respectueuse. Elle permet de décrypter le phénomène Sinatra, en se focalisant sur ce qui restera pour toujours, sa musique.
Étant un maniaco-dépressif de haut vol et ayant vécu une existence faite de violentes contradictions émotionnelles, j’ai peut-être une capacité démesurée pour la tristesse comme pour la joie.
Les conversations entre l’auteur et le mythe rapportées dans le livre, autour d’une bonne bouteille, dans le secret de la nuit new-yorkaise, ajoutent un charme certain à cet hommage touchant.
Musique :
Sans surprise, Sinatra – en solo ou avec les orchestres de Harry James ou Tommy Dorsey – domine de sa voix de crooner cette playlist dans laquelle on retrouve également Billie Holiday, Judy Garland on encore Natalie Cole.
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Playlist :
Les références musicales sont classées selon l’ordre d’apparition dans le livre.
- Frank Sinatra – I’ve Got The World On a String (1953), My Way (My Way, 1969), When Your Lover Has Gone (In the Wee Small Hours, 1955), You Make Me Feel So Young (Songs for Swingin’ Lovers!, 1956) et Don’t Worry ‘Bout Me (Where Are You?, 1957).
- Billie Holiday – Mean to Me (1937) et I’m a Fool to Want You (Lady in Satin, 1958).
- Frank Sinatra – All or Nothing at All (1939)
- Le titre O Sole Mio est cité. C’est la version de Frank Sinatra qui a été ajoutée à la playlist.
- Enrico Caruso – Over There (1918)
- Frank Sinatra – Ol’ Man River (The Concert Sinatra, 1963)
- Frank Sinatra – Before The Music Ends (Trilogy: Past Present Future, 1980).
- Le film musical Le Chanteur de jazz (1927) est évoqué.
- Irving Berlin – God Bless America (1918)
- Russ Columbo – Prisoner of Love (1931)
- Frank Sinatra – Begin the Beguine (1938)
- Harry James – You Made me Love You (I Didn’t Want to Do It) (1941)
- Frank Sinatra – From the Bottom of my Heart (1939)
- Frank Sinatra with Harry James Orchestra – Melancholy Mood, My Buddy, It’s Funny to Everyone but Me et Here Comes The Night (1939)
- Frank Sinatra with the Tommy Dorsey Orchestra – The Sky Fell Down et Too Romantic (1940)
- Frank Sinatra – I’m Getting Sentimental Over You et Without a Song (I Remember Tommy…, 1961), Night and Day (A Swingin’ Affair!, 1956), The Night We Called It A Day (Where Are You?, 1949), The Song Is You (Come Dance With Me!, 1959), The Lamplighter’s Serenade (1942), I’ll Never Smile Again (No One Cares, 1959), Stardust (1941)
- Frank Sinatra with the Tommy Dorsey Orchestra – Trade Winds, Our Love Affair (1940), This Love Of Mine, Dolores et Oh ! Look At Me Now (1941)
- Judy Garland & Gene Kelly – For Me and My Gal (1942). Ce titre est tiré de la bande originale du film musical éponyme sorti la même année.
- Frank Sinatra – Nancy (with the Laughing Face) (1945)
- Gene Autry – Rudolph The Red Nosed Reindeer (1949)
- Frank Sinatra – The House I Live In (1945). Ce morceau peut être entendu dans le court métrage éponyme, récompensé par un Oscar.
- Les comédies musicales Escale à Hollywood (Anchors Aweigh) (1945), Match d’amour (Take Me Out to the Ball Game) et Un jour à New York (On the Town) (1949) dans lesquelles Frank Sinatra joue sont citées.
- Frank Sinatra – Hello, Young Lovers (September of My Years, 1965), The Birth Of The Blues, Why Try To Change Me Now?, Tennessee News Boy (1952) et Mama Will Bark feat. Dagmar (1951)
- Frankie Laine – Mule Train (1949)
- Rosemary Clooney – Come On-A My House (1951)
- Frank Sinatra – All Of Me (Swing Easy!, 1954), I’ve Got a Crush On You (Sing and Dance with Frank Sinatra, 1950), That Old Black Magic, She’s Funny That Way (Songs by Sinatra, 1947), I’m a Fool to Want You (1951), Lean Baby, Don’t Make a Beggar Of Me (Point of No Return, 1962), Day In, Day Out (Come Dance With Me!, 1959) et I’m Walking Behind You (Point of No Return, 1962).
- La symphonie en fa mineur, opus 10 de Dmitri Chostakovitch est citée.
- Natalie Cole – Mona Lisa et Too Young (Unforgettable With Love, 1991)
- Frank Sinatra – South of the Border (Come Fly With Me, 1958), I Love You (1953) et Young At Heart (1953). Le dernier titre a connu un tel succès qu’il a été choisi comme générique de début et de fin pour un film que Frank Sinatra tournait avec Doris Day au moment de sa sortie. Le film a finalement également emprunté le titre de la chanson.
- Autres artistes et groupes cités dans le livre (par ordre chronologiques) : Sammy Davis Jr, Dean Martin, Joey Bishop, Charlie Parker, Mozart, Dizzy Gilepsie, Bing Crosby, les Andrews Sisters, Glenn Miller, Louis Armstrong, Roy Eldridge, Puccini, Verdi, Rudy Vallee, Dick Powell, Ruth Etting, Miles Davis, Clifford Brown, Lester Young, Ben Webster, Coleman Hawkins, Dexter Gordon, Perry Como, Benny Goodman, Count Basie, Duke Ellington, Hoboken Four (le premier groupe de Frank Sinatra), Artie Shaw, le groupe Pied Pipers, Jo Stafford, Ray Eberle, Peggy Lee, Fats Navarro, Max Roach, les Charioteers, Billy Eckstine, Doris Day, Vaughn Monroe, Vic Damone, les Four Aces, Leonard Bernstein, Guy Mitchell, Kay Starr, Les Paul, Mary Ford, Sean Kenton, Woody Herman, Charlie Barnet, Debussy, Isaac Albéniz, Schubert, Brahms, Billy May, Art Tatum, Ravel, Quincy Jones, Ray Charles et Michael Jackson.
Pourquoi Sinatra est paru sous le titre original Why Sinatra Matters en octobre 1998 aux éditions Little, Brown and Company, puis en France aux éditions Le Serpent à Plumes en mai 2008.
Marco
Rédacteur
Chroniqueur pour Shut Up and Play The Books ! et Citazine (cinéma), je peux également faire des sites Internet sur Wordpress et du community management. Intérêts : Orson Welles, médias, cinéma, #moviequotes, loutres et plus si affinités.
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