Le livre :
Sex & Sex & Rock & Roll est, comme sa couverture l’indique, un dictionnaire du rock’n’roll ouvertement sexuel, donc déconseillé aux plus jeunes. Imaginé par deux passionnés de musique, Vincent Brunner (journaliste et auteur, notamment de Rock Strips) et Luz (dessinateur et journaliste à Charlie Hebdo), ce livre fait délibérément l’impasse sur la drogue du slogan Sex & Drugs & Rock’n’roll pour se concentrer sur l’aspect charnel de la « musique du diable », selon l’appellation des parents inquiets pour leur progéniture dans les années 50 (et quelques décennies suivantes).
On retrouve pêle-mêle dans ce dico dévergondé : l’argot des bluesmen (et blueswomen) aux connotations très explicites (pour qui sait les déchiffrer), le déhanché (obscène) d’Elvis « Pelvis » Presley, la période hippie apportant la libération des mœurs (certainement adoucies par la musique), l’androgynie déroutante et la bisexualité affichée du glam rock sans oublier les groupies, tapies dans l’ombre, prêtent à sauter sur le premier musicien qui croise leur chemin.
Sex & Sex & Rock & Roll propose un joyeux mélange entre anecdotes sur la vie sexuelle des rockeurs, tableaux de chasse de groupies célèbres et explications de textes des titres les plus connotés sexuellement. Le tout complété par les dessins de Luz, souvent très explicites, collant parfaitement avec la thématique abordée.
Avis :
Votre curiosité sera certainement titillée par ce dico qui fait notamment un tour d’horizon de qui a couché avec qui (et comment) dans l’univers du rock ces 50 dernières années et décrypte habillement les secrets de certains morceaux, mais son intérêt est peut-être également ailleurs.
Au delà des corps enlacés et des fluides corporels échangés dans des loges ou des hôtels lors de tournée que nous dit ce livre ?
D’abord que le fantasme du musicien a de beaux jours devant lui. Muse d’un seul homme ou collectionneuse ayant couché parfois avec l’ensemble des membres d’un groupe (voire de plusieurs), le nombre impressionnant de groupies croisées dans ce livre est là pour rappeler la force d’attraction et la fascination que peuvent exercer les musiciens. Un événement télévisuel récent (t)étonnant nous rappelle que la groupie n’a rien perdu de son enthousiasme en 2013.
Autre constat, si l’on compare les textes des années 60 et 70 aux compositions plus récentes il semble que le rock se soit assagi, un tournant forcé correspondant à l’arrivée du SIDA entrainant des thématiques plus anxiogènes dans les années 80. Les scandales sexuels de ces dernières années semblent également s’être déplacés des rocks stars vers les footballers ou les hommes politiques.
Le rock est-il en plein débandade ? Peut-être, à moins que la vie sexuelle (nécessairement débridée) des rockers ne choque plus personne dans une société où le sexe est omniprésent, pour preuve le jeu « Fashion or Porn » (attention lien NSFW) pointant du doigt la difficulté de distinguer des clichés de mode de l’imagerie pornographique.
Musique :
Des morceaux hard rock bien durs (et souvent machistes) aux titres moites suintant la débauche, ce dictionnaire contient de très nombreuses références musicales. Tous les titres cités ne sont pas repris dans la playlist ci-dessous mais ce qui suit devrait vous donner des idées (il y en plus de 69). Et si votre innocence vous empêche de comprendre la présence de certains titres dans la playlist il ne vous reste plus qu’à vous procurer le livre, il n’est jamais trop tard pour apprendre.
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Playlist :
Les références musicales sont classées selon l’ordre des chapitres du livre.
- AC/DC – She’s Got Balls (High Voltage, 1976)
- New Order – Age Of Consent (Power, Corruption & Lies, 1983)
- The Knack – My Sharona (Get The Knack, 1979)
- The Beatles – Ticket To Ride (Help!, 1965)
- Lucille Bogan – Shave’Em Dry (1935). Ce titre a été enregistré à l’époque sous le pseudo de Bessie Jackson.
- Bessie Smith – Empty Bed Blues (1928)
- Muddy Waters – I’m Your Hoochie Coochie Man (1954)
- John Lee Hooker – Boom Boom (1962)
- Howlin’ Wolf – Back Door Man (1961)
- Roy Brown – Butcher Pete (1950)
- The Buzzcocks – Orgasm Addict (1977)
- Lou Reed – Walk On The Wild Side (Transformer, 1972)
- Jerry Lee Lewis – Great Balls Of Fire (1957)
- Ian Dury – Sex & Drugs & Rock & Roll (1977)
- Marianne Faithfull – Why’d Ya Do It (Broken English, 2013)
- Tony Joe White – Groupy Girl (Tony Joe, 1970)
- B. B. King – Lucille (Lucille, 1968)
- Blondie – Rip Her To Shreds (Blondie, 1977)
- P.J. Harvey – Rub ‘Til It Bleeds (Rid Of Me, 2003)
- Jimi Hendrix – Hey Joe (Are You Experienced, 1967)
- INXS – Need You Tonight (Kick, 1987)
- Billy Idol – Scream (Devil’s Playground, 2005)
- The Stooges – I Wanna Be Your Dog (The Stooges, 1969)
- The Dead Kennedys – Too Drunk to Fuck (1981)
- Art Brut – Rusted Guns of Milan (Bang Bang Rock & Roll, 2005)
- Frankie Goes to Hollywood – Relax (Welcome To The Pleasuredome, 1984)
- The Clash – Janie Jones (The Clash, 1977)
- Leonard Cohen – Chelsea Hotel #2 (New Skin for the Old Ceremony, 1974)
- The Rolling Stones – Ruby Tuesday (Flowers, 1967)
- KISS – Lick It Up (Lick It Up, 1983)
- Led Zeppelin – Black Dog (Led Zeppelin, 1971)
- James White and The Blacks – Stained Sheets (Off White, 1978)
- Marilyn Manson – Cake and Sodomy (Portrait Of An American Family, 1996)
- Queen – I Want To Break Free (The Works, 1984)
- The Doors – Light My Fire (The Doors, 1967)
- Marianne Faithfull – Sex with Strangers (Kissin’ Time, 2002)
- Alice Cooper – Cold Ethyl (Welcome To My Nightmare, 1975)
- Slayer – Necrophiliac (Hell Awaits, 1985)
- New York Dolls – Looking for a Kiss (New York Dolls, 1973)
- Oingo Boingo – Little Girls (Only a Lad, 1981)
- Green Day – Longview (Dookie, 1994)
- The Who – Pictures of Lily (1967)
- Divinyls – I Touch Myself (Divinyls, 1991)
- Radiohead – Thinking About You (Pablo Honey, 1993)
- Cyndi Lauper – She Bop (She’s So Unusual, 1983)
- AC/DC – Let Me Put My Love Into You (Back in Black, 1985)
- Peaches – Fuck The Pain Away (The Teaches of Peaches, 2000)
- Kiss – Plaster Caster (Love Gun, 1977)
- Arctic Monkeys – When The Sun Goes Down (2006)
- The Velvet Underground – There She Goes Again (The Velvet Underground & Nico, 1967)
- Queen – Killer Queen (Sheer Heart Attack, 1974)
- Hole – Teenage Whore (Pretty On The Inside, 1991)
- Bruce Springteen – Candy’s Room (Darkness on the Edge of Town, 1978)
- ZZ Top – Mexican Blackbird (Fandango!, 1975)
- Blondie – Call Me (1980)
- Police – Roxanne (Outlandos d’Amour, 1978)
- Ramones – 53rd & 3rd (Ramones, 1976)
- Pansy Division – Smells Like a Queer Spirit (Pile Up, 1995)
- Lou Reed – Sally Can’t Dance (Sally Can’t Dance, 1974)
- The Rolling Stones – Let’s Spend The Night Together (Flowers, 1967)
- The Rolling Stones – Honky Tonk Women (Let It Bleed, 1969)
- The Rolling Stones – Under My Thumb (Aftermath, 1966)
- Guns N’Roses – Rocket Queen (Appetite for Destruction, 1987)
- The Stranglers – Princess of the Streets (Rattus Norvegicus, 1977)
- Indochine – Troisième Sexe (3, 1985)
- Aerosmith – Love in an Elevator (Pump, 1989)
- Garbage – When I Grow Up (Version 2.0, 1998)
- The Velvet Underground – Venus in Furs (The Velvet Underground & Nico, 1967)
- Queen – Body Language (Hot Space, 1982)
- Mötley Crüe – Girls, Girls, Girls (Girls, Girls, Girls, 1987)
- Chris Isaak – Baby Did a Bad, Bad Thing (Forever Blue, 1995)
- The Strokes – Juicebox (First Impressions Of Earth, 2005)
- The Mothers of Invention – Groupie Bang Bang (1966)
- ZZ Top – La Grange (Tres Hombres, 1973)
- ZZ Top – Pearl Necklace (El Loco, 1981)
Sex & Sex & Rock & Roll est paru en septembre 2013 chez Flammarion.
Marco
Rédacteur
Chroniqueur pour Shut Up and Play The Books ! et Citazine (cinéma), je peux également faire des sites Internet sur Wordpress et du community management. Intérêts : Orson Welles, médias, cinéma, #moviequotes, loutres et plus si affinités.
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Très cool ce livre, parfait à bouquiner avant de dormir après une grosse journée !
À cette « naughty playlist » il manque à mon avis ce morceau de Suicide, « Girl » :
http://www.youtube.com/watch?v=av7mhWYtAoY
Il y en sûrement plein d’autres, le sexe est tellement lié au rock’n'roll qu’il faudrait presque en faire un dictionnaire 😉